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LES MAITRES ANTIQUES

 

 

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Akhenaton

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Textes de Akhenaton 

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AKHENATON   

et la spiritualité de la période amarnienne 

La spiritualité de l'époque amarnienne et la réforme religieuse d'Akhénaton s'inscrivent, malgré de fortes originalités, dans l'évolution générale de la religion égyptienne du Nouvel Empire (env. 1550-1070 av. J. C.). Deux mouvements de fond sont notables: l'importance croissante des théologies solaires d'Héliopolis et de Thèbes; la montée d'un désir de rapport plus personnel et intime avec la divinité, le plus souvent le dieu principal de sa ville et de sa région.

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 Culte solaire et ordre du monde :

L'affirmation du culte solaire, autour de l'intense activité intellectuelle du clergé d'Héliopolis et du dieu solaire Rê, est constante depuis l'Ancien Empire (env. 2660-2180 av. J. C.) et se manifeste notamment dès le Moyen Empire (env.2040-1650 av. J. C.) par la solarisation des cultes (Sobek-Rê, Khnoum-Rê, Montou-Rê, Amon-Rê). Toutes les cosmogonies se réfèrent aux mêmes images fondamentales d'un dieu démiurge autogène se manifestant sous la forme d'un tertre émergeant du magma liquide primordial (le chaos) d'où jaillit, selon des modes opératoires qui peuvent différer d'un mythe à l'autre, l'astre solaire (Rê), lumière organisatrice du monde créé. À cet ordre initial de la création, dynamique qu'il faut maintenir contre un chaos toujours susceptible de revenir, les Égyptiens ont donné le nom de Maât, déesse conçue comme la fille de Rê.

Cet ordre universel est notamment perçu à travers le prisme des grands cycles de la nature, particulièrement du parcours solaire quotidien, véritable drame cosmique où chaque nuit l'astre solaire doit triompher des adversaires représentant les forces de retour au chaos pour manifester à l'aube la victoire de la Maât et permettre l'action vivifiante du soleil et des multiples formes divines qui lui sont associées en tout lieu d'Égypte. Le roi, conçu comme de nature et divine et humaine, est garant de l'actualisation quotidienne de la création et du maintien de cet équilibre du monde, notamment par sa fonction première d'organisateur et de desservant du culte entretenant la force d'action des dieux.

Au Nouvel Empire, la théologie du dieu dynastique Amon-Rê à Thèbes intègre tout cet héritage : Anion (le « caché », le dieu démiurge) se manifeste en Rê et génère toutes les formes divines conçues comme ses hypostases, exprimant comment l'Un originel se fait multiple et irradie sa création à travers la multiplicité des phénomènes possibles liés à la force fondamentale du divin. Cette animation du monde, et des phénomènes qui en résultent, suppose dans la vision traditionnelle l'intervention du roi et des hommes à travers l'offrande qui nourrit la force d'action des dieux sur le monde ; en réponse, ceux-ci garantissent le maintien de la perfection de l'ordre initial de la création qu'actualisent les actes quotidiens du roi. C'est pourquoi chaque matin, dans tous les temples, au même moment, sont accomplis les mêmes gestes cultuels, sont prononcées les mêmes paroles rituelles, quelle que soit la forme divine à laquelle on s'adresse. Textes et décors des temples ont pour but de garantir la permanence des gestes et des paroles en cas de défaillance ou d'interruption du culte. 

Cette vision dramatique de l'univers dont il faut sans cesse entretenir (équilibre s'exprime dans les mythes solaires et osiriens dont les livres funéraires royaux du Nouvel Empire constituent des exemples parlant, identifiant le destin du roi défunt à la régénération nocturne du soleil. De même, l'accès des hommes à un au-delà de la tombe où ils vont connaître une nouvelle vie dans des lieux où séjournent les dieux suppose une qualification ne remettant pas en cause l'ordre universel. C'est le but, dès le Moyen Empire, de certains passages des Textes des sarcophages et, surtout au Nouvel Empire, du célèbre Livre des morts. La magie du texte et des formules à prononcer doit garantir, d'une part, la purification du défunt de tout acte mauvais et, d'autre part, son initiation à la connaissance des dieux qu'il va rencontrer, éléments indispensables pour ne pas remettre en cause la répétition des cycles de la marche de l'univers. Il ne s'agit donc pas d'un véritable jugement, mais d'une nécessaire constatation de l'efficacité des rites permettant une non-remise en cause de l'efficacité des rites (agir des dieux par un intrus fauteur de désordre. Nulle place ici pour une idée de pardon ou de miséricorde divine. C'est l'accès aux rites funéraires et à la nécropole qui apparaît comme une juste rétribution pour celui contre qui nul témoignage n'est porté. On voit d'ailleurs à cette époque se développer des prières ou des hymnes demandant aux dieux protection, guérison, rétribution dès le monde des vivants.

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 Une nouvelle sensibilité religieuse sous le signe d'Aton :

Dans ce contexte, comment apprécier l'originalité de l'expérience religieuse du règne d'Aménophis IV -Akhénaton (env. 1364-1347) ? Après quatre années de cohabitation avec le clergé d'Amon-Rê à Thèbes, où il affirme sa dévotion personnelle au disque solaire, Aton, en lui érigeant un temple à Karnak, à l'est du grand temple d'Amon-Rê, la crise éclate. Le roi modifie son nom en Akhénaton et entreprend de construire une nouvelle capitale en Moyenne-Égypte, sur le site de Tell el-Amarna, qu'il dénomme Akhet-Aton, « l'horizon d'Aton ».

Malgré sa puissance, le clergé d'Amon n'a pu s'opposer aux décisions d'un roi pleinement légitime. À vrai dire, la nature de ces évolutions n'est pas facile à saisir à travers des textes peu nombreux ou des sources monumentales et iconographiques laissant une large place à l'interprétation. Il s'y mêle des éléments de continuité et de rupture. […]

Mais la grande rupture apparaît surtout dans l'idée que l'on se fait de la marche de l'univers. À la conception traditionnelle et dramatique du cosmos comme lieu d'affrontement entre les forces de maintien de la Maât et celles visant au retour du chaos, succède une perception apaisée et automatique de l'alternance des jours. La nuit n'est plus que le repos du dieu, moment certes inquiétant de l'obscurité, de l'inconscience et de l'inertie, mais la capacité du disque à réapparaître n'est plus mise en cause. La force d'Aton apparaît comme immuable et indépendante de l'action des hommes. La Maât procède de lui et ne peut être remise en cause, d'autant que le roi en devient moins l'agent que l'incarnation sur terre, comme il est l'incarnation du dieu son père. Dès lors la nature même du culte se modifie en un acte d'action de grâce devant la manifestation vivifiante de la lumière. Cette vision apaisée du renouvellement des grands cycles de l'ordre universel apparaît nettement dans le grand hymne à Aton inscrit dans la tombe d'Ay, personnage important de la cour d'Amarna. Il en découle une morale décrivant une nature qui ne peut être que bonne, où le dysfonctionnement et le mal ne paraissent plus pris en compte comme dans l'affrontement traditionnel toujours recommencé de l'ordre et du chaos. La même vision apaisante s'applique au devenir après la mort dans les hymnes des tombes amarniennes. Ce que le disque amène à l'existence, renouvelle et anime quotidiennement, ne peut être que bénéfique. De plus, cette lumière vivifiante n’est pas conçue comme réservée au seul pays d'Égypte, mais prend un caractère universel: ainsi par exemple le dieu fait vivre les hommes d'Égypte par l'eau venue du monde souterrain (la crue) et les étrangers par une eau descendue du ciel (la pluie). Mais la soumission nécessaire à l'autorité du roi d'Égypte reste proclamée, l'astre solaire « liant » toujours les pays étrangers pour lui, car il incarne sur terre l'action bénéfique du dieu qui est dans le ciel.

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Texte de Akhenaton

 

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