HISTOIRE
DE L’ASTRONOMIE
ENTRE
LE MYTHE ET LA SCIENCE
Il se préoccupe aussi
de la connaissance de l’univers qui l’entoure ; il est curieux, en
particulier, des phénomènes célestes. L’alternance des jours et des nuits
l’intrigue ; il constate aussi que la place des astres n’est pas la même
selon l’heure ou selon les saisons. C’est en observant le ciel qu’il se
construit ses premiers repères.
Les
premiers monuments qu’il élève vers le ciel sont des menhirs - des pierres dressées -, vers 8500 avant J-C. Ce sont
peut-être des lieux de culte au Soleil ou à la Lune. En Italie, on trouve des dessins
gravés sur des roches, représentant le disque du soleil, des astres ou des
constellations. Vers 3000 avant J-C, on découvre aussi ce genre de dessins sur
un menhir.
Parfois,
les menhirs sont agencés par trois (trilithes) ou disposés en ensembles plus
complexes (alignements ou cercles). Le monument
de Stonehenge, en Angleterre, édifié entre 2800 et 1400 avant J-C, est
sans doute le plus curieux édifice de la période néolithique : il
s’agit de pierres géantes (mégalithes) dressées verticalement et formant
des cercles concentriques (le plus grand formant 31 mètres de diamètre), avec,
au milieu, une construction qui était peut-être un autel religieux. On a
remarqué que ces pierres sont alignées en fonction de la position du soleil et
de la lune à certaines périodes de l’année. Cependant, on ignore à quoi
sert exactement ce monument : est-ce un observatoire astronomique ou un
sanctuaire consacré au culte du soleil ? En tous les cas, on peut penser
que la conception préhistorique de l’univers est avant tout symbolique et
religieuse. Les astres sont probablement considérés comme des dieux.
La
divinité la plus ancienne de l’Univers
est probablement la Déesse-mère,
apparue sous la forme de statues, à l’époque paléolithique, en 20000 avant
J-C ! Déesse de la Fécondité, source de toute vie, elle est encore
l’objet d’un culte à l’époque néolithique. On ne la trouve pas
seulement en Europe mais aussi dans toutes les régions du monde. Il semble donc
que l’univers ait d’abord été personnifié sous la forme d’une déesse
et non d’un dieu. C’est peut-être pour cette raison que les hommes, jaloux
de ce pouvoir divin accordé à la femme, ont ensuite tenté d’exercer leur
domination en inventant des mythes où un dieu masculin entre en conflit avec
une déesse. (Cf. ci-dessous le mythe de Babylone, en Mésopotamie...)
a
- Selon les Sumériens (3500
avant J-C) :
Ce
sont d’abord les Sumériens qui ont inventé le mythe de l’origine de
l’univers en Mésopotamie et ont inscrit leurs différents récits sur des
tablettes d’argile. A l’origine, il y a Nammu,
la Mer primordiale.
Cette
Mer engendre un couple d’enfants : An,
dieu du Ciel, et Ki,
déesse de la Terre. Eux-mêmes auront pour enfants Enlil, le dieu de l’Air et
Ninlil, la déesse du Blé…
C’est Enlil qui provoque la séparation de ses
parents :
le Ciel sera désormais en haut et la Terre, en bas.
Parmi
leurs descendants, on trouve Nanna ou
Sin, le dieu de la Lune, et Outu, le dieu du
Soleil. Enlil a un compagnon nommé Enki,
Seigneur de l’Abîme et de la Terre, et Maître des Destins ;
celui-ci va apporter sur Terre l’eau nécessaire à la vie. Enki devient alors
le dieu primordial et principal des
Sumériens : il est l’organisateur de l’univers : c’est lui qui
crée les hommes et la civilisation.
Pour les Sumériens, la Terre
est comme une montagne non entourée d’eau. Au sommet d’un pic neigeux
central siègent les dieux. La coupole céleste de métal s’appuie sur une
muraille bordant la Terre.
b
- Selon les Babyloniens (2200
avant J-C) :
Pour
les Babyloniens, qui reprennent bien des éléments de la mythologie sumérienne,
le monde est né de la fusion entre Apsou
- dieu de l’eau douce - et Tiamat
- déesse de l’eau salée, représentée sous la forme d’un monstre,
et qui symbolise le chaos primitif contre lequel vont lutter les dieux
intelligents et organisateurs.
Apsou
et Tiamat auront des enfants : d’abord Moummou,
le Tumulte des flots, puis Lahmou
et Lahamou, un couple de Serpents monstrueux qui vont eux-mêmes donner naissance
à Anshar, principe mâle
et céleste, et à Kishar,
principe femelle et terrestre.
Anshar
et Kishar auront à leur tour des descendants, parmi lesquels on retrouve les
dieux sumériens du Ciel : Anou
(équivalent de An), du Vent : Enlil ou Bel, et de l’eau
et de la sagesse : Enki ou Ea.
Enki aura un fils qui va
devenir
le dieu principal du panthéon
babylonien : Mardouk. Celui-ci va combattre la dragonne (parfois représentée
sous la forme d’un gigantesque poisson) Tiamat
et la met en pièces : grâce à cette victoire, il organise l’univers à partir des débris de Tiamat.
D’une
moitié du monstre, il fait d’abord
le Ciel, voûte creuse dans laquelle
il crée une demeure pour les dieux. Il installe aussi dans le Ciel les étoiles,
qui sont l’image des dieux. Enfin, il y place la queue du monstre pour former
la voix lactée.
Puis,
avec l’autre moitié de Tiamat,
Mardouk crée la Terre. Celle-ci est un plateau rond et creux. Il crée également l’espèce
humaine, paraît-il au moment de la nouvelle lune. (Le premier homme
s’appelle Anu et Mardouk lui remet la tablette des destins, talisman du
pouvoir suprême.) A l’intérieur de la
Terre se trouve le séjour des morts. Mardouk perce les deux yeux de Tiamat pour
créer les sources des deux fleuves le Tigre et l’Euphrate. La Terre a la
forme d’un plateau rond qui flotte sur l’Apsou. Elle est bordée de
montagnes sur lesquelles repose la voûte céleste. La forme générale du monde
est celle d’une caisse fermée, dont notre Terre constitue le fond.
Parmi
les autres divinités cosmiques, il faut mentionner : Sîn, le dieu-Lune, très
important ; ses deux enfants sont Shamash, le dieu-Soleil,
et Ishtar, la planète Vénus.
C’est donc de la nuit qu’est venue la lumière. Mais d’autres
récits disent que Sîn et Shamash
sont les enfants de Tiamat.
Chaque
soir, Sîn monte sur sa barque, le
croissant lunaire, et parcourt toute l’étendue du ciel. Parfois, le croissant
devient un disque, couronne du dieu. Dieu de clarté, il empêche les méchants
de nuire durant la nuit. Il est mystérieux à cause de ses multiples
changements de forme. Les esprits malfaisants, aidés par les propres enfants du
dieu, essaient de lui nuire mais Mardouk rétablit l’ordre. C’est encore Sîn
qui divise le temps, ainsi que l’a décidé Mardouk lors de la création.
C’est enfin un dieu plein de sagesse, que l’on vient consulter. Il a encore
un autre fils, Nouskou, le dieu du feu.
A
l’aube, Shamash gravit la montagne
de l’est, monte sur son char et commence son ascension ; le soir, il se
dirige vers une montagne de l’ouest : une porte s’ouvre et pénètre
dans les profondeurs de la Terre ; puis il rejoint la montagne de l’est.
C’est surtout le dieu de la justice : il effraie les méchants. C’est
aussi le dieu de la divination. Il déchiffre en particulier les décrets des
dieux dans la position des astres, le mouvement des planètes, les météores.
Il
existe aussi, nous l’avons vu, Ishtar,
la planète Vénus, déesse des
matins et des soirs. C’est une divinité complexe, tantôt déesse de la
Guerre, tantôt de l’Amour.
La constellation d’Orion est personnifiée par Nin-Girsou,
vite devenu dieu guerrier et chasseur. Il y a aussi bien d’autres divinités cosmiques : des orages (Adad), du feu (Gibil
et Nouskou), des eaux (Enki ou Ea et sa fille Ninâ), de la Terre-mère (Gatoumdoug,
par exemple), de la végétation
(Tammouz)...
Comme dans les autres mythologies, on trouve le récit du déluge : un jour, les dieux décident de détruire la race humaine : c’est le déluge. Seul Ea a pitié des hommes et s’arrange pour qu’un mortel puisse construire un immense vaisseau et y mettre sa famille et ses animaux. Mais les dieux envoient par la suite d’autres fléaux aux hommes. Ea doit demander à la déesse Mami de reconstruire une nouvelle race d’hommes. Désormais, les hommes et les dieux vivent en paix.
2 - Les connaissances astronomiques
Les
Sumériens ont été les inventeurs
de l’écriture (cunéiforme).
Les
Babyloniens, qui leur succèdent,
accordent beaucoup d’importance à la magie
et à la divination (qui leur permet
de prédire l’avenir). Ils sont les
inventeurs de ce qu’on appelle encore aujourd’hui l’astrologie. Ils
s’intéressent donc particulièrement aux phénomènes célestes ; ils
pensent que les astres ont une influence sur la vie humaine et que l’on peut
prédire l’avenir en les regardant. Ce sont les prêtres qui détiennent les
secrets de cette double science. Pour toutes ces raisons, les Babyloniens développent
des connaissances très poussées en mathématiques.
Sur
leurs tablettes d’argile, ils rédigent des éphémérides
(indications recueillies jour après jour sur la position des astres). Ils établissent
aussi les horoscopes des individus.
En
outre, ils élaborent vers 1500 avant J-C leur calendrier
en utilisant le cycle de la lune :
l’année comprend douze mois ou lunaisons. Le mois commence le soir où apparaît
un nouveau croissant de lune, juste avant le coucher du soleil. Mais les
mouvements de la lune sont très complexes ; un mois peut donc comporter 29
ou 30 jours. De plus, la visibilité du premier croissant dépend d’une foule
de paramètres. C’est pourquoi il est nécessaire, pour établir ce
calendrier, d’observer très précisément
les mouvements quotidiens de la lune et du soleil. En outre, à cause du décalage
déjà observé dans le calendrier des Egyptiens, ils sont obligés d’ajouter
de temps en temps un treizième mois. La semaine suit également les phases de
la lune et les jours portent le nom du Soleil, de la Lune et de cinq planètes.
Au total, l’astronomie grecque devra beaucoup aux Babyloniens.
1 - L’origine et la mythologie de l’univers
Les astres servent de
lien avec les dieux.
La constellation d’Orion, par exemple, est liée au culte d’Osiris. Les
gigantesques pyramides qu’ils construisent sont des temples funéraires en
rapport avec leur religion.
Les
Egyptiens pensent que l’univers est une oeuvre divine, un cosmos. Né d’un oeuf (ou d’une montagne ou encore d’une fleur de
lotus), le dieu suprême (Atoum) a
surgi du chaos et a créé un monde ordonné : père du couple Shou (l’Air) et Tefnout
(l’Humidité), il a pour petits-enfants Geb, dieu de la Terre, et
Nout, déesse du Ciel. C’est leur père, Shou, qui les sépare. Le
couple Geb-Nout a pour enfants : les deux couples Seth et Nephtys, Osiris
et Isis, dieux du cycle de la vie (destruction et création). Seth représente
la force du Mal (nécessaire à la constitution de l’univers) : il est le
meurtrier de son frère Osiris et Isis, après avoir ressuscité celui-ci, aura
de lui un fils, Horus.
Cependant,
au fil de l’histoire et des récits mythiques, le démiurge Atoum a reçu bien d’autres
noms et d’autres formes, tout en gardant son rôle de géniteur :
-
Khnoum, homme à tête de bélier et façonnant sur son tour de potier le premier
homme ;
-
Khépri, scarabée qui
engendre le monde et la vie en se transformant constamment ; il symbolise
donc à la fois l’éternité et la métamorphose ;
-
Amon, homme dont le visage représente
le soleil et dont le corps est tantôt bleu - figurant alors la voûte céleste
-, tantôt assimilé au dieu Ptah, dieu de la terre et de la fécondité ;
il est l’époux de Mout, la déesse-mère
à l’apparence de vautour. Leur fils sera Khonsou,
dieu de la Lune. Dès lors, Amon
sera assimilé au Soleil et Mout à la Terre.
-
Sobek, dieu-crocodile, capable aussi bien de préocréer que de dévorer sa progéniture :
il donne la vie, puis la reprend, puis la redonne et ainsi de suite.
-
Et, surtout, le dieu le plus important de tous, celui qui va rapidement
absorber tous les autres pour devenir le dieu suprême de la mythologie égyptienne :
Rê, dieu du Soleil,
et fils de Nout, déesse du Ciel.
-
C’est Rê, en effet, qui règne sur
la voûte céleste et sur tout l’univers :
-
Nout engendre Rê à l’aube et l’avale le soir. C’est lui qui, grâce à
la Maât - force dynamique et préservatrice,
garante de l’ordre cosmique, qui l’accompagne -, assure la succession des
jours.
-
Il circule sur une barque qui, durant
la journée, vogue sur un grand fleuve
qui relie la terre au ciel. Le matin,
c’est un enfant qui revêt la forme d’un scarabée
(Khepri) ; le midi, c’est un homme
mûr appelé Rê. Le soir,
c’est un vieillard appelé Atoum.
-
Pendant la nuit, il rajeunit comme un
fœtus. Sa barque traverse tout le corps
de Nout, dont l’intérieur est inconnaissable par les hommes.
-
C’est dans ce corps que reposent les morts,
sur lesquels règnent le dieu Osiris
(époux d’Isis, dieu de la terre, de la végétation qui meurt et renaît sans
cesse, et du Nil). Lorsque Rê, le Soleil, se couche, il répand sa lumière sur
les défunts qui demandent à sortir, à l’aube, et à devenir immortels en
l’accompagnant sur sa barque. Après la mort, le corps se décompose mais les
énergies immatérielles qui composent l’être humain s’en détachent et
subsistent : le ka, l’énergie vitale,
qui doit être entretenue par des aliments placés dans la tombe ; le ba,
le principe spirituel, qui fait le
lien entre le visible et l’invisible, l’univers des vivants et celui des
dieux et des morts ; l’akh,
enfin, qui est le principe immortel.
Le but des défunts est de devenir un esprit-akh. On peut dire aussi que Rê et
Osiris forment ensemble un seul dieu qui sans cesse se dédouble et se réunifie :
le matin, le ba - Rê - de ce dieu
suprême se sépare de son corps immatériel, le ka
- Osiris - pour ensuite venir se joindre à lui, l’espace d’une nuit.
-
Au-delà, il existe encore un
domaine, inconnu des dieux eux-mêmes, et qui est l’opposé
du monde connu : le Noun (le
chaos originel, l’océan primordial), réservoir de forces destructrices -
infini, obscur et inerte.
-
L’ensemble de l’univers a la forme
d’une boîte rectangulaire orientée
du nord au sud, comme le Nil. L’Egypte
se trouve au centre. Le ciel est plat comme un plafond et soutenu par quatre
colonnes. De chaque côté coule un grand fleuve, sur lequel vogue la barque qui
porte le Soleil.
Il
existe naturellement d’autres récits mythiques qui donnent une grande
importance à d’autres dieux :
a)
Ptah,
dieu de la Terre et démiurge ;
b)
Thot,
dieu de la Lune, qui préside au bon déroulement des cycles ;
c’est pourquoi il est le gardien du calendrier et le maître de la
connaissance et de l’écriture ;
c)
Hathor,
autre nom pour la déesse du Ciel (vache céleste dont les quatre pattes
reposent sur la Terre), mais aussi fille de Rê et femme d’Horus.
d)
Anubis,
dieu à tête de chacal et dieu des morts : sa fonction est de conduire les
âmes.
Différents
mythes expliquent pourquoi l’univers, créé harmonieux à l’origine, est
toujours menacé par les forces du Noun. (Ex : la révolte des hommes
contre Rê, affaibli par l’âge, qui se vengera en séparant le ciel de la
terre, le jour de la nuit, …)
L’important
est de retenir que le Soleil (qu’il
s’appelle Rê, Amon ou Atoum…) est
considéré comme le dieu suprême qui assure le renouvellement perpétuel de
l’univers. Le Pharaon, lui, est le souverain qui représente sur terre,
dans le monde des hommes, le divin Soleil. Quant aux animaux, beaucoup d’entre
eux sont des incarnations de dieux (le boeuf, le taureau, la vache, la chatte,
le crocodile…)
Par la suite, le pharaon Aménophis IV affirmera que le dieu suprême était Aton, dieu unique, force d’amour et de lumière. Ce dieu à l’existence éphémère préfigure le Dieu unique des grandes religions monothéistes.
2 - Les connaissances astronomiques
La
civilisation égyptienne est particulièrement prestigieuse ; en - 3100,
ils inventent l’une des toutes premières écritures du monde : les hiéroglyphes.
De plus, leur conception de l’univers est aussi fondée sur l’observation
des astres et les calculs mathématiques.
La
vie des Egyptiens est réglée sur le Soleil
et sur le fleuve du Nil : il
faut prévoir, pour la gestion de leur agriculture, les crues du Nil et pour
cela étudier les mouvements des astres. Ils inventent donc le calendrier de 365 jours
qui divise l’année en trois saisons : l’Inondation, les Semailles
(l’hiver), les Récoltes (l’été), et en douze mois de trente jours -
auxquels on ajoute cinq ou six jours supplémentaires en fin d’année pour coïncider
avec l’année solaire.
Mais
les Egyptiens s’aperçoivent que ce calendrier officiel (surtout destiné aux
fêtes liturgiques) retarde d’un jour tous les 4 ans ; c’est pourquoi,
vers 2000 avant J-C, ils inventent un autre calendrier destiné à la vie
quotidienne et fondé sur les décans
(10 heures entre le lever et le coucher du soleil + 1 heure pour l’aube et 1
pour le crépuscule). Cet autre calendrier commence en juillet. La journée est
divisée en 24 heures. Les Egyptiens se servent des étoiles pour fixer la fin
de la nuit. De plus, ils ont remarqué que l’étoile Sirius (Sothis pour eux) se lève un peu avant le soleil et que ce
phénomène correspond au début de la crue du Nil. Leurs connaissances en
astronomie ne sont donc pas négligeables.
Par ailleurs, ils témoignent d’une bonne
connaissance des étoiles et des planètes :
-
Ils remarquent que les étoiles peuvent être regroupées en constellations. Ainsi, le conduit qui, dans les pyramides, mène à
la chambre du roi, pointe en direction de la constellation d’Orion.
Ils ont distingué d’autres constellations comme La
grande Ourse ou Cassiopée.
-
Ils connaissent aussi les cinq planètes les plus proches de nous : Mars,
Vénus, Mercure, Jupiter et Saturne.
- Vers 1500 avant J-C, comme pour les Babyloniens, leur calendrier tient compte à la fois des cycles du Soleil et de la Lune.
1 - La Création et la composition de l’univers
Au
VIème siècle avant J-C, les Hébreux sont déportés en Mésopotamie, à
Babylone après la prise et la destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor.
C’est pourquoi leur cosmologie
s’inspire beaucoup de celle des Babyloniens. Leur univers comporte par
exemple lui aussi un enfer (cf. le Shéol) situé en-dessous de la Terre.
Cependant, ils amènent aussi leur propre culture et transforment
certaines images du mythe babylonien : dans la Bible, le chaos
aquatique (ou l’Océan primordial) n’est plus personnifié sous la forme
d’un monstre destiné à être vaincu par un dieu. C’est simplement le néant
à partir duquel le Verbe
divin va créer la lumière par une
simple parole : « Que la lumière soit ! », puis
l’univers entier. La Terre est conçue comme étant le centre de
l’univers ; elle est éclairée par les deux luminaires principaux que
sont la lune et le soleil.
Une
idée nouvelle apparaît ainsi : celle de la Création de l’univers par un seul Dieu
tout-puissant. Cette création se fait assez rapidement, et sans gros
efforts (ici, il n’y a pas de monstres à combattre pendant des siècles pour
faire régner l’ordre dans le chaos !). En outre, Dieu ne fait pas partie de
l’univers ; il n’est pas, comme dans les autres mythologies, né du
chaos. Il est extérieur à sa création qui dépend constamment de lui.
Dieu
crée d’abord la lumière (qu’ensuite il sépare des ténèbres pour créer
le jour et la nuit) ; le 2e jour, le firmament, appelé ciel,
pour séparer les eaux du haut de celles du bas ; le 3e jour, la
terre, séparée des eaux appelées désormais mers, et la verdure ;
le 4e jour, le soleil, la lune et les étoiles ; le 5e
jour, les animaux marins ; le 6e jour, les animaux terrestres,
l’homme et la femme ; le 7e jour, il se repose.
Pour
les Hébreux, l’univers créé par Dieu en sept jours est forcément bon. Au
milieu du paradis terrestre (l’Eden) où Dieu place Adam
et Eve, le 1er couple de
l’humanité pousse l’Arbre de Vie, axe cosmique entre le ciel et la
terre, et qui donne l’immortalité. Mais juste à côté (peut-être
d’ailleurs s’agit-il en fait du même arbre) fleurit aussi l’Arbre
de la Connaissance du Bien et du Mal. Le Mal viendra seulement des actions
de l’homme, à qui Dieu a donné la possibilité de maîtriser la nature. Adam
et Eve désobéissent à Dieu et mangent, tentés par le Serpent - Lucifer - du
fruit de l’Arbre interdit : c’est pourquoi ils sont chassés du paradis terrestre et connaîtront désormais le travail,
la souffrance, la maladie, la vieillesse et la mort.
Comme
bien d’autres récits mythiques, la Bible relate le Déluge, dont elle fait un châtiment
décidé par Dieu face à des hommes égoïstes et sans scrupules. Seul Noé,
homme juste, sera sauvé : Dieu lui ordonne de construire une arche immense
où il fera entrer sa femme, ses enfants et leurs conjoints, ainsi que les
couples de toutes les espèces d’animaux. Le déluge dure quarante jours. Au
terme du déluge, Dieu établit son Alliance,
dont l’arc-en-ciel qu’il place dans la nuée est le signe, avec les
hommes. La Terre peut ensuite se repeupler.
Par
la suite, Dieu sera toujours prêt à secourir ses créatures : tout au long de l’histoire des hommes racontée par la Bible, Dieu
établira un pacte entre lui et le peuple hébreu, dont l’ancêtre est Abraham ;
c’est ce peuple d’Israël qu’il a choisi pour le conduire vers un nouveau
paradis. Ainsi les Hébreux vont-ils conquérir par la force le pays de Canaan.
Parmi les descendants d’Abraham, Moïse
sera le fondateur de la future religion des Hébreux : le Judaïsme.
C’est
en souvenir de ce pacte que les Hébreux respectent le sabbat et les jours de fête - durant lesquels ils doivent cesser
toute activité. Le sabbat commence le vendredi soir et il est célébré le
samedi. Les autres jours de fête commencent également la veille au soir,
lorsque les deux premières étoiles apparaissent dans le ciel après le coucher
du soleil.
Vers le VIIIème siècle avant J-C, les Hébreux pensent que la Terre est en forme de cercle. En bas est le pays des ténèbres et de l’ombre de la mort. Le firmament est une voûte solide, au-dessus de laquelle sont les eaux supérieures qui donnent les pluies. Dans les hauteurs se meuvent les astres.
2 - Les connaissances astronomiques
C’est
pourquoi il est important pour les Hébreux de fixer un calendrier pour établir le début du sabbat, des fêtes et des
nouvelles lunes. Vers 1500 avant J-C, leur calendrier tient compte à la fois du
Soleil et de la Lune, comme pour les Babyloniens et les Egyptiens.
En
outre, la Torah,
qui est la Loi écrite, et le Talmud,
oeuvre religieuse des hébreux qui recueille une loi orale vieille de huit siècles,
contiennent de nombreuses observations
astronomiques d’une grande précision.
1 - La conception taoïste de l’univers
Le
taoïsme apparaît au VIème siècle avant J-C. Pour cette philosophie
religieuse, l’Univers est formé de souffles. Comme pour les Hindous, il
n’est pas créé par un Dieu. Il est lui-même l’Absolu, plus précisément
le Devenir perpétuel.
Libérant les énergies
mêlées du chaos originel (appelé le vide, l’obscurité, le tourbillon
premier ou l’eau primordiale, selon les différents mythes) qui, peu à peu, prend la forme d’un oeuf, la Loi - principe suprême de l’équilibre cosmique - appelée Tao
organise ces énergies pour former le cosmos. Le Tao se manifeste en effet sous deux formes opposées et complémentaires : le Yin
(l’Obscurité, le Froid, la Terre, la Passivité, la Lune, le Féminin…)
et le Yang (la Lumière, le Chaud, le
Ciel, l’Activité, le Soleil, le Masculin…). Toutes les transformations
(passage d’une forme à une autre) résultent de la dynamique du yin et du
yang : lorsque le yin atteint son point culminant, il devient yang, et réciproquement.
Ces deux forces parcourent en alternance les cinq phases d’un cycle que représentent
les cinq éléments du cosmos (l’eau, le feu, le bois, le métal et la terre).
Cette cosmologie a influencé toute la pensée chinoise et a donné naissance à
l’acupuncture. Le Tao est à l’origine de toutes choses ; en lui sont résolus
tous les contraires. C’est l’Absolu, mais il n’a pas de nom propre.
C’est une sorte de Vide actif, immuable et éternel.
De
l’oeuf
cosmique vont donc s’échapper deux sortes de souffles :
dans la partie supérieure de l’oeuf, ce sont les souffles légers qui se rassemblent en haut pour former le Ciel ;
dans la partie inférieure, les souffles lourds
forment la Terre. Tout en se formant,
ceux-ci donnent naissance à un démiurge
nommé P’an-ku et resté 18000 ans en gestation dans l’oeuf.
Dans
un premier temps, celui-ci, à l’intérieur de l’oeuf, se confond tantôt
avec les éléments yang du Ciel, tantôt avec les éléments yin de la Terre,
passant sans cesse de l’un à l’autre, se transformant pour devenir enfin
lui-même. Plus il devient lui-même,
c’est-à-dire un être vivant et manifesté, plus le Ciel s’élève
au-dessus de la Terre, jusqu'à ce que ceux-ci soient séparés et opposés :
le Ciel, infiniment haut et la Terre, infiniment profonde. Craignant que la
Terre et le Ciel ne se réunissent à nouveau, P’an-ku se plante entre les
deux parties, sa tête tenant le Ciel et ses pieds écrasant la Terre. Pendant
les 18000 ans de son développement, la distance entre Ciel et Terre
augmente de 3 mètres par jour à mesure qu’il grandit. P’an-ku
est donc né du chaos en même temps que le Ciel et la Terre. On peut
remarquer que ce récit ressemble beaucoup à celui des Egyptiens - où l’Air,
Shou, sépare ses enfants - le Ciel et la Terre.
Selon
un autre récit, P’an-ku est le dieu suprême qui existe au commencement ; il
est le créateur de toute vie - celle des
dix mille êtres qui peuplent l’univers. Cependant, pour engendrer ce
dernier, il doit se sacrifier et
mourir : c’est à partir de son cadavre que le monde est créé : sa
tête devient la Montagne sacrée (le mont Kouen-louen), son tronc, les autres
montagnes, ses yeux, le Soleil et la Lune, ses cheveux et sa barbe, les Etoiles,
ses quatre membres, les points cardinaux, ses dents et ses os, les métaux et
les pierres, sa chair, les arbres, la terre ou les quadrupèdes, ses intestins,
les serpents, son sang, les rivières et les fleuves, ses veines, les routes,
son ventre, la mer, ses poils, toutes les plantes de la Terre, sa sueur, la rosée
du matin. A partir de son souffle naissent le vent et les nuages, de sa voix
surgissent le tonnerre et les éclairs, etc. Enfin, ses puces et ses parasites
deviennent les ancêtres des différents peuples humains. D’autres récits
sont naturellement venus ajouter des variantes à celui-ci.
Les Chinois ne se préoccupent pas des lois qui régissent
la nature. Pour eux, tous les êtres coopèrent naturellement et
harmonieusement. L’univers est considéré comme un gigantesque organisme vivant et
humain.
Chaque
phénomène trouve ses racines dans le Chaos où réside toute l’énergie,
appelée ki : c’est
cette énergie qui met en mouvement les étoiles tandis que les sept astres (le
Soleil, la Lune et les cinq planètes connues) sont freinés par l’influence
de la Terre. Les sept astres sont formés de vapeur condensée et se déplacent
à leur gré, selon leur propre nature : ils avancent, reculent, ou bien
ont des mouvements irréguliers.
Par la suite, d’autres éléments
religieux, issus de cultes populaires, vont se joindre au Taoïsme :
notamment les Seigneurs des Trois Mondes,
qui gouvernent le Ciel, la Terre et l’Eau. Les dieux
sont nombreux ; ils ont la particularité de former une société
semblable à celle des hommes. En fait, à l’origine, ce sont des hommes.
A l’intérieur de leur organisation, les dieux ont des fonctions bien précises
et doivent rendre des comptes à leurs supérieurs. Ils changent d’ailleurs régulièrement
de fonction. Celle-ci est donc bien plus importante que le nom et la personnalité
du dieu.
Pour
les Chinois, le Roi est le fils et le régent
du Dieu du Ciel. Il est responsable des rythmes cosmiques qui doivent se répéter
jour après jour. En cas de catastrophe naturelle, il est obligé de se
soumettre à des rites expiatoires précis qui rétablissent l’ordre perturbé.
Le monde est créé quand le souverain et les sages (les mandarins) repoussent
les forces du mal jusqu’aux quatre horizons et quand le roi s’installe
ensuite au centre. La capitale possède son palais carré, construit à
l’image du monde : base carrée (la Terre), toit rond (le Ciel).
Le Ciel est la demeure des dieux sidéraux ;
chaque dieu y possède son palais et le ciel est divisé en étages. Dans l’étage
supérieur réside l’Auguste de Jade, souvent nommé le Père-Ciel, qui crée
les êtres humains en les modelant dans de l’argile ; une forte pluie le gêne dans sa tâche : certaines statuettes abîmées
deviennent des hommes infirmes, qui côtoieront des hommes sains. L’Auguste
de Jade habite un palais identique à celui de l’empereur qui règne sur les
humains. Sa femme est la Reine mère Wang,
qui préside aux festins d’immortalité (faits des pêches qui mûrissent
tous les 3000 ans dans le jardin impérial) qu’elle donne aux dieux. Ce lieu
est le Paradis de la mythologie chinoise et la Dame Wang en est la souveraine.
Le Soleil et la Lune sont l’objet d’un culte
officiel :
à l’origine, le Soleil est un dieu-coq
qui, à force de pratiquer la Voie, a pris figure humaine. La Lune,
elle, est habitée par le Lièvre, qui
fabrique la drogue d’immortalité
et par une déesse, femme de Yi, un
excellent archer qui a abattu neuf soleils, un jour que les dix soleils des
temps primitifs ont eu l’idée dangereuse de monter ensemble dans le ciel. Il
avait obtenu des dieux la boisson d’immortalité ; sa femme, le sachant,
profite de son absence pour la boire. Devant la colère de son mari, elle va se
réfugier dans la Lune. Son mari la poursuit jusque là et elle demande
protection au Lièvre. Celui-ci livre un combat à Yi et obtient qu’il renonce
à punir sa femme qui dès lors habite dans la Lune.
Il y a bien sûr d’autres
divinités cosmiques :
Monseigneur le Tonnerre, très laid, dont la fonction est de punir les
criminels non connus ; la Mère-Eclairs,
le Maître de la Pluie, le Jeune
Garçon des Nuages, le Comte du Vent.
Toutes ces divinités sont sous la dépendance
des Rois-Dragons, gouvernant les quatre mers qui entourent la Terre.
Mentionnons
aussi, parmi beaucoup d’autres, les dieux
des Enfers - ayant un rôle de juges avant la réincarnation du défunt sous
une forme ou une autre -, le dieu des
Examens, dieu des quatre étoiles
qui forment le Chariot de la Grande
Ourse et valet du dieu de la Littérature. Il est très laid, souvent représenté
sur la tête d’une tortue.
Il
existe en outre le dieu de la Longévité,
dieu de l’étoile Canope du Navire Argo,
la Tisseuse Céleste, fille de l’Auguste
de Jade, déesse de l’étoile Alpha de
la Lyre. Sans relâche, elle tisse des robes pour son père, sans coutures,
faites de brocart et de nuages. Pour la récompenser de son travail, son père
la marie au Bouvier Céleste (étoiles
Bêta et Gamma de l’Aquila) ; cependant, après son mariage, la
Tisseuse néglige son travail. Son
père alors sépare les deux époux en les plaçant l’un à droite, l’autre
à gauche de la Voie lactée, avec la permission de se réunir une fois par an.
Cette légende a été bien transformée et enjolivée
par le peuple :
le Bouvier est un simple mortel qui épouse par ruse, après lui avoir caché
ses vêtements, la Tisseuse Céleste descendue sur Terre pour se baigner ; ils
ont deux enfants. Puis, la Tisseuse demande au Bouvier où se trouvent ses vêtements.
Sans méfiance, le Bouvier le lui dit. Elle remonte alors au Ciel. Sur les
conseils du boeuf qui l’avait déjà aidé à épouser la Tisseuse, le Bouvier
réussit à monter au Ciel, demande audience à l’Auguste de Jade et réclame
sa femme. Le Père-Ciel accorde alors au Bouvier l’immortalité et le désigne
pour être dieu d’une étoile à l’ouest de la Rivière, la Tisseuses étant
à l’est, avec la permission de se réunir une fois tous les sept jours. Mais
les époux se trompent et croient ne pouvoir se réunir qu’une fois par an, le
7e jour du 7e mois. Comme ils ne peuvent traverser la Rivière
sans pont, ce jour-là, toutes les pies montent au Ciel chacune avec une petite
branche d’arbre et leur font une passerelle. On dit aussi que, ce jour-là, il
doit pleuvoir, au moins le matin, car le couple pleure de joie en se revoyant.
Cette légende s’est répandue dans toute la Chine et de nombreuses oeuvres
poétiques la citent.
Précisons
que, pour les Chinois, la Voie Lactée
est le Grand Fleuve Céleste qui aboutit
à l’abîme sans fond du Sud-Est : c’est dans cette immense Rivière
que les mères des soleils et des lunes lavent leurs enfants avant qu’ils ne
se montrent au ciel.
Signalons
enfin l’existence des Huit immortels,
hommes devenus immortels grâce à leur pratique de la doctrine taoïste (ils
ont le droit d’assister aux festins de la Dame Wang) et celle des Sept
Recteurs astronomiques, maîtres de la réalité des influences célestes,
et présents à travers les sept étoiles de la Grande
Ourse.
Le
but des Chinois est de s’harmoniser totalement avec l’ordre cosmique grâce
au non-agir et à la sagesse ; plus particulièrement, ils recherchent
l’immortalité du corps.
Au Vème siècle avant J-C,
deux cosmogonies géocentriques dominent :
a)
La plus
ancienne représente l’Univers sphérique au-dessus d’une Terre carrée.
2) La seconde figure l’Univers
comme un oeuf sphérique dont la Terre serait le jaune et le Ciel, la coquille.
2 - Les connaissances astronomiques
Les
plus anciennes traces écrites (notées sur des os) de l’astronomie chinoise
appartiennent à l’Antiquité qui commence en 1500 avant J-C. L’essentiel de
l’astronomie chinoise antique repose sur l’observation
du Soleil et de la Lune dans le but d’organiser le calendrier, pivot
d’une société centralisée et hiérarchisée. Il s’agit d’une astronomie
officielle, où l’astrologie est
omniprésente, au service du souverain. Comme dans beaucoup d’autres
civilisations, la longueur de l’année est déterminée avec une bonne précision
(365 jours 1/4). Les Chinois connaissent bien aussi la période de révolution
de la Lune - le cycle de 19 ans - et la période de révolution des planètes,
qui n’ont pas de nom propre en chinois.
Contrairement
à l’astronomie babylonienne et grecque - où les astres sont positionnés par
rapport à l’écliptique (plan qui passe par le centre du Soleil et qui
contient l’orbite de la Terre) -, le repérage des astres se fait par rapport
à l’équateur céleste et aux méridiens.
Les Chinois utilisent beaucoup l’arithmétique mais
ignorent la géométrie. Ils utiliseront plus tard les sciences naturelles et la technique. Des
catalogues d’étoiles, regroupées
en 284 constellations, sont dressés dès le Vème siècle avant J-C.
(Au
IIème siècle après J-C, l’apparition d’une supernova dans la
constellation du Taureau sera décrite avec précision par des astronomes
chinois. Il s’agit d’une étoile devenue si brillante qu’elle a été
visible même en plein jour pendant plusieurs semaines. En découle encore
aujourd’hui un nuage de gaz dans cette constellation, appelée « nébuleuse
du Crabe ».)
La
première religion des Hindous est le
Védisme, arrivé en Inde au IXème
siècle avant J-C avec les invasions des populations aryennes, conquérantes et
guerrières : ces peuples à la peau blanche décrètent qu’ils sont supérieurs
aux autochtones à la peau mate ; ils les soumettent et les appellent
esclaves. C’est ainsi que va s’édifier une société hiérarchisée, divisée
en castes. Le Védisme est fondé sur des textes sacrés qui constituent
le Véda,
ce mot signifiant : « savoir ». Les premiers textes des Védas
ont sans doute été rédigés bien avant l’invasion des Aryens en Inde, vers
1500 avant J-C.
L’essentiel
de la religion védique peut se résumer ainsi : pour le Védisme, l’univers
n’est ni existant, ni non-existant. On l’appelle simplement l’Un ou l’Absolu. Il réunit
tous les contraires - le masculin et le féminin, par exemple - toutes les
possibilités : on ne peut donc absolument pas se le représenter et encore
moins le définir. On le désignera par la suite sous le nom de Brahman
(à ne surtout pas confondre avec le dieu Brahma) - encore appelé le Soi
(l’absolu universel) - et qui se retrouve en l’homme sous le nom de l’Atman.
Puis
il se personnifiera davantage en prenant des noms qui correspondent à ses trois
fonctions essentielles : Brahma,
dieu de la naissance du monde, Shiva,
dieu de sa destruction et Vishnu (ou
Vishnou), dieu de sa préservation.
Brahman ne cesse de se
transformer pour former les mille et une formes du cosmos ; l’un des récits
mettant en scène le dieu Brahma montre celui-ci sortant de l’oeuf cosmique
sous la forme de l’ancêtre primordial de l’humanité - Purusha : il
est l’homme cosmique, originel, éternel et suprême ; il possède mille
cuisses, mille pieds, mille yeux, mille visages, mille têtes. C’est grâce à
son sacrifice que le monde prendra forme :
sa tête devient le Ciel, son nombril, l’Atmosphère, ses pieds, la Terre ;
de sa bouche naissent les dieux et les hommes de la caste des brahmanes, le vent
vient de son souffle ; ses bras deviennent la caste des guerriers ;
ses cuisses font naître les commerçants, les producteurs... Ses pieds donnent
la race des serviteurs. Purusha ressemble beaucoup, on le voit, au P’an-ku
chinois.
Un
récit assez tardif explicite cette incessante transformation de Brahman, l’Etre
absolu : celui-ci est accompagné de
Maya, le non-Etre, l’illusion, à l’apparence trompeuse, qui nous cache le
Brahman, Réalité Absolue. L’univers, tel qu’il nous apparaît, sous ses
formes multiples, n’existe donc pas en réalité : il n’est que le résultat
de cette illusion.
a)
La Terre,
avec l’Inde au centre, dominée par le mont Meru ; au sommet de ce mont
est située la cité triangulaire, siège de Brahma, autour duquel gravitent les
corps célestes.
b)
Au-dessus
de la Terre se trouve l’Atmosphère, qui s’étend jusqu’à la sphère des
planètes.
c)
Enfin, le
Ciel occupe l’espace compris entre le Soleil et la sphère des étoiles,
tournant autour de l’étoile polaire.
Cet
univers dure le temps d’un jour du dieu Brahma, soit deux milliards cent
soixante millions d’années. Vient ensuite une période de destruction
correspondant au sommeil du dieu ; puis l’univers renaît, et ainsi de
suite. L’univers est donc à la fois fini (puisque ses différentes formes
naissent et meurent) et infini (puisqu’il est depuis toujours et pour toujours
une succession de métamorphoses).
Contrairement
à la conception des Hébreux, fondateurs du Judaïsme, l’Un ou l’Absolu n’est donc pas créateur de l’univers ;
il est
l’univers lui-même. Ce n’est pas un Dieu personnel et transcendant ;
il est au contraire impersonnel et immanent. C’est une sorte d’énergie intelligente. L’univers n’est rien d’autre
que sa façon de se manifester, de se montrer.
Il
n’y a pas de différence fondamentale entre l’esprit et la matière
puisqu’il s’agit de deux formes de la même énergie. De même, la vie et la
mort ne sont que des étapes transitoires, les formes éphémères d’une
existence infinie. L’être humain, comme toutes les autres formes de vie,
meurt et renaît sans cesse sous différentes formes. De ce fait, l’homme
n’est jamais considéré comme le maître de l’univers ; au contraire,
il est en harmonie totale avec lui.
Le
but de l’être humain doit être d’ailleurs de prendre conscience de cette
harmonie. Il doit réussir à se débarrasser de l’illusion qu’il est un
« je », un individu séparé de ce qui l’entoure ; il
pourra ainsi quitter le samsara, monde
des renaissances perpétuelles où règne la Maya, c’est-à-dire l’illusion,
et fusionner avec l’Absolu, qui est sa vraie nature.
Le Védisme servira de base à
l’édification des deux religions
suivantes : le Brahmanisme
et l’Hindouisme. Peu à peu vont
apparaître, comme dans les autres civilisations, de nombreux mythes et divinités.
Parmi
celles-ci, mentionnons Prajâpati,
le seigneur des êtres créés, assimilé au Purusha védique. Il a de
nombreux enfants, dont Ushas, l’Aurore. (Selon certains récits, le dieu suprême
donnera naissance aux créatures vivantes après s’être accouplé avec sa
fille.) Citons aussi Surya, Savitar, Mitra, garant de l’ordre universel, ou Indra, quatre figures différentes du dieu-Soleil, parfois représentés par un char qui fait avancer la
sphère céleste. Notons qu’Indra,
fils du Ciel et de la Terre, est un dieu guerrier (son combat avec le démon
Vritra est célèbre) et cosmique : il monte le char du Soleil et tient
dans sa main la foudre ; il crève les nuages et fait tomber la pluie :
il est donc à la fois le dieu de la guerre et de la fertilité. Il règne sur
le Ciel et réside sur le mont Mérou, le Centre de l’univers. Son frère Agni
est le dieu du Feu, qui a formé le
Soleil et rempli la nuit d’étoiles.
Quant
à Soma ou Varouna (autre garant de l’ordre universel), ce sont deux figures
du dieu de la Lune - le premier (à
l’origine boisson divine) étant né du barattement de la mer et sa décroissance
étant le fruit d’une malédiction.
Les
déesses sont également très présentes : Aditi
est l’une des grandes figures de la déesse-mère : son fils est le dieu du Soleil.
Indrani est la femme d’Indra ;
Ushas, nous l’avons vu, est la
fille du Ciel, soeur de la Nuit et quelquefois mère du Soleil : elle
symbolise l’Aurore qui voyage elle
aussi dans un char. Surtout s’impose la figure de la Grande
déesse primordiale, la Devi, à
la fois bénéfique et maléfique, ensuite nommée Shakti, épouse de Shiva, apte à de nombreuses métamorphoses : elle est la personnification de l’Energie
universelle et son importance ne cessera de grandir au fil des siècles.
Il
existe aussi de nombreux démons (Râvana).
Les serpents (les Nâgas), les éléphants
et la tortue jouent enfin un rôle cosmique non négligeable, comme dans
bien d’autres mythologies. L’une des
visions hindoues de l’univers montre une tortue flottant sur un océan de
lait, portant quatre éléphants qui soutiennent la montagne cosmique, pilier du
Ciel, le tout entouré par le serpent cosmique qui se mord la queue, symbole de
l’éternel recommencement.
Quant
à Manu, il est le premier homme, le premier représentant de l’humanité. Dans la
religion ultérieure nommée hindouisme, on note, comme dans d’autres
mythologies, un épisode lié au déluge :
Manu, le premier homme et le père de la race humaine de chaque âge de
l’univers fait un jour ses ablutions (sa toilette) et aperçoit dans le creux
de sa main un tout petit poisson qui le prie de lui laisser la vie. Manu le met
donc dans une jarre mais, le lendemain, il a tellement grandi qu’il faut le
porter dans un lac ; celui-ci est bientôt trop petit. Le poisson lui
demande de le jeter à la mer. Puis, il avertit Manu d’un prochain déluge. Il
lui envoie un grand vaisseau, avec l’ordre d’y embarquer un couple de chaque
espèce vivante et des semences de toutes les plantes et d’y monter lui-même.
Aussitôt, l’eau envahit tout ; on ne voit plus que Vichnu,
sous la forme d’un grand poisson d’or unicorne. Manu amarre son navire à la
corne du poisson. C’est ainsi que l’humanité, les animaux et les plantes
sont sauvés de la destruction. Cependant, contrairement au mythe hébreu, ce déluge
n’a pas le sens d’une punition divine : c’est simplement une
catastrophe qui se tient dans l’ordre des choses.
En
ce qui concerne les constellations, les sept étoiles de la Grande Ourse sont les demeures des sept Rishis ou sages primordiaux.