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BOUDDHISME

LE BOUDDHISME OU L'ATTENTION PORTEE A LA SOUFFRANCE

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Un peu d'histoire

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Le bouddha de la médecine

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La thérapie par le mandala

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Bibliographie

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Poèmes bouddhistes

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Quelques mandalas, thangkas et tantras

 

- Un peu d’histoire...

Traditionnellement, c’est le Bouddha qui, sous l’aspect du « Maître des Remèdes », établit les bases de la médecine tibétaine il y a des milliers d’années sous la forme des Gyushi, les « Quatre Tantras » de Médecine. Au XVIIème siècle, Sangyè Gyamtso, qui était le régent du Cinquième Dalaï-lama, composa un commentaire des Gyushi, le Lapis-Lazuli, qu’il fit illustrer d’une série de peintures extraordinaires offrant divers aperçus de l’approche bouddhiste tibétaine de la santé, de la guérison et de la spiritualité.

Les plus anciens textes bouddhistes expliquent que la souffrance résulte de nos tentatives habituelles pour nous mettre à l’abri dans un univers en perpétuel changement. Le Bouddha enseigne que l’attachement excessif au corps, tout particulièrement, engendre la souffrance, puisque l’impermanence et le changement se trouvent au coeur même de toute forme de vie : la méditation permet à l’identification au moi de diminuer progressivement et à l’intuition de la nature évanescente de toute existence de se développer. La juste compréhension mène au nirvana, qui est cessation de toute souffrance.

Au IIème siècle avant notre ère, trois cents ans après la mort du Bouddha Shakyamuni, les textes de la Prajnaparamita, connaissance transcendante, furent à l’origine de nouveaux développements de la pensée et de la pratique bouddhistes. Dans le Mahayana ou Grand Véhicule, l’aspiration bouddhiste ne consistait plus à assurer son salut personnel, mais à faire un effort pour le bien de tous les êtres animés. La compassion apparut alors comme l’énergie essentielle qui animait toute existence et que seul obscurcissait la conception erronée d’un « soi ». Une fois seulement que l’on a renoncé à toute croyance au soi, la nature ultime du réel - la vacuité - peut se révéler. Le voeu du bodhisattva fit de l’activité compatissante et du soulagement de la souffrance humaine les idéaux de base du bouddhisme. C’est à la même époque que l’étude de la médecine entra dans le programme des institutions monastiques, puisque prendre soin des malades était une méthode pratique pour exercer la vertu de service désintéressé, de même qu’un moyen habile de propager la doctrine.

Toutefois, c’est dans la révélation des tantras médicaux - ensemble de textes ésotériques et de pratiques secrètes qui permettent de se libérer en une seule vie - que l’art de guérir bouddhiste devait connaître sa maturité complète. On ne tenait plus le corps pour un obstacle, une gêne, sur la voie de l’éveil ; au contraire, on le reconnut pour le véhicule essentiel. Le corps apparut comme un réservoir de félicité, la demeure d’énergies endormies qui, proprement cultivées, se déploient sous l’aspect d’un corps de lumière.

Les pratiques essentielles des tantras se fondent sur une alchimie intérieure où les constituants grossiers du corps et de l’esprit sont purifiés et transformés. En percevant le monde matériel, y compris le corps humain, comme l’expression lumineuse de l’intelligence universelle, l’adepte des tantras envisage le mandala intérieur du corps, constitué de souffles, de canaux et d’essences subtils, comme le rayonnement naturel de la sagesse et de la compassion. Ce que proclame le sage tibétain Longtchen Rabjampa : « Du fait que les adeptes des tantras reconnaissent la pureté essentielle de tous les phénomènes, ils peuvent tout transformer en moyen de libération. »

A partir du VIIIème siècle, la voie ésotérique des tantras se transporta de l’Inde au Tibet, où elle fut propagée par le grand sage Padmasambhava. Pendant les siècles qui suivirent son passage, les Tibétains franchirent les Himalayas à la recherche des enseignements bouddhistes qui leur permettraient de déchirer les voiles qui obscurcissent notre essence la plus profonde, laquelle, dans la pensée bouddhiste, se trouve au-delà de la maladie et de la bonne santé.

C’est à partir du VIIème siècle que se développa un système médical extrêmement élaboré. Il y eut des échanges entre les médecins d’Inde, de Chine, d’Iran et du Tibet. Furent incorporées dans les quatre tantras initiaux certaines traditions indigènes de guérison chamanique, ainsi que des traités tantriques et alchimiques relevant de la physiologie mystique... Les textes médicaux décrivent aussi des techniques de diagnostic par les pouls, d’acupuncture et de moxibustion (brûlure), lesquelles diffèrent de leurs équivalents chinois ou indiens. Les Tibétains utilisaient également l’interprétation des rêves, l’analyse d’urine, la science des poisons, la phytothérapie, les saignées, les lavements, la petite chirurgie, les massages, les bains dans les eaux thermales, la diététique, etc. Il s’agissait d’une médecine holistique qui tient compte à la fois de la personnalité, de la saison, de l’âge, du régime alimentaire, du mode de vie et de l’environnement physique.

Mais seule la méditation est apte à traiter le mal fondamental de l’ignorance...

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- Le Bouddha de la Médecine   

Bouddha de médecine (tib. Sanggye Menlha,skr. Baishajyaguru)  

Le bouddha de la médecine est le bouddha qui soigne, celui que l'on invoque pour guérir les maladies. Assis sur une fleur de lotus placée sur un trône de lion, il porte les habits monastiques d'un bouddha. Son corps est bleu foncé; dans sa main gauche, il tient un vase en fer contenant la plante médicinale Arura. Parfois, il tient une racine de cette plante dans sa main droite. Huit bouddhas de médecine sont souvent dépeints en compagnie de Çâkyamuni.               

Assis sur son trône de lotus (symbole de pureté), le Bouddha de la Médecine est une image primordiale du divin guérisseur.

 « Le Thérapeute Suprême, Roi de Lumière Lapis-Lazuli, entra dans une absorption méditative : des rayons de lumière multicolores jaillirent de son coeur jusqu’aux dix horizons de l’espace en dissolvant les souillures mentales de tous les êtres animés et en apaisant les maladies nées de l’ignorance. Réabsorbant alors les rayons de lumière dans son coeur, l’aspect magique du Bouddha, Sagesse de l’intelligence, surgit de son esprit. Il apparut dans le ciel devant le Guérisseur Souverain et lui fit cette requête : O maître, nous qui aspirons à cette bonté pour notre bien et pour le bien des autres, comment pouvons-nous apprendre les enseignements oraux propres à la science de guérir ? » (Tantra du Coeur d’Ambroisie.)

La lumière bleu ciel qui rayonne de son corps disperse les ténèbres des émotions négatives et tous les troubles physiques qu’elles provoquent. Egalement connu sous le nom de Roi de Lumière Lapis-Lazuli, il exposa l’essentiel de la guérison et de la longévité dans un discours intitulé « Tantra des instructions secrètes sur les huit branches de l’essence de l’immortalité », plus connu sous le nom de Gyushi. On considère le Bouddha comme le guérisseur suprême et nos conceptions erronées du réel comme la cause de toute maladie et de tout mécontentement. Ce qu’exprime un soûtra bouddhiste :

« O toi qui es noble, pense que tu es un malade,

Que le Dharma est le remède,

Que ton ami spirituel est un habile médecin

Et que la pratique diligente est le moyen de te rétablir. » 

La paume du Bouddha de la Médecine tournée vers l’extérieur symbolise la protection qu’il accorde. Elle est chargée du myrobolan, fruit de l’arbre considéré dans la tradition tibétaine comme la meilleure des plantes médicinales. Dans la main gauche du Bouddha repose un bol d’aumônes où sont trois ambroisies : le nectar qui soigne les malades et ressuscite les morts ; le nectar qui prémunit contre le vieillissement ; et le nectar intarissable qui illumine l’esprit et intensifie la faculté de comprendre. Ainsi que l’écrit le Dr Yeshi Donden : « Le mot Bouddha désigne ceux qui se sont réveillés (boud-) du sommeil de l’ignorance [...] et dont la sagesse connaît tout (-dha) ce qui peut être connu [...]. En dépassant tous les obstacles à l’illumination suprême, ils acquièrent une conscience directe et plénière de la vérité ultime : que toutes les choses existent en interdépendance et que rien  n’est doué d’une nature propre indépendante. »

   

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- La thérapie par le mandala

Le mot « mandala » signifie en sanscrit cercle et, par dérivation, territoire. Le mandala est particulièrement utilisé dans les rituels tantriques du bouddhisme tibétain. On peut le comparer au yantra de l’hindouisme, qui l’a précédé et dont il dérive en partie. Il est fabriqué selon des règles géométriques très précises. Il sert de support à la méditation. On peut aussi le rapprocher des labyrinthes qui existent dans nombre de civilisations, de philosophies et de religieux - et tout particulièrement le christianisme (même si beaucoup, autrefois présents sur le sol des cathédrales, ont été effacés).

Le mandala est une image sacrée du cosmos, une sorte d’icône de l’univers. Il est aussi, simultanément, le miroir du corps humain, ce microcosme. C’est la représentation des correspondances entre les différentes manifestations de l'Absolu (représenté au centre du mandala), que le bouddhisme n'évoque qu'en termes négatifs (car il est indéfinissable) : le non-né , non-conditionné ou non-manifesté.

Il en existe une considérable variété de formes. Il en est de très simples comme d’infiniment complexes. Néanmoins, le mandala consiste généralement en un cercle inscrit dans un carré ou un rectangle. Il peut être fait de poudres de sable de couleurs différentes, destinées à être dispersées dans le cours d’eau le plus proche, une fois l’oeuvre achevée et utilisée. Ses supports sont très divers. Parmi eux, on trouve le rouleau de tissu peint, appelé Tanka, souvent ourlé de broderies et enveloppé dans une housse de tissu destinée à protéger la surface peinte.

Très souvent, quatre cercles concentriques forment la périphérie du mandala : cercle de feu, qui marque le franchissement du territoire sacré, où la Recherche peut commencer ; cercle de diamant (vajra) ou de la conscience pure ; cercle du charnier (celui des huit aspects de la conscience) où doivent être brûlées les passions obscurcissantes ; cercle de lotus, composé des pétales de cette fleur et exprimant l'effort harmonieux de la perception spirituelle. 

Plus on est éloigné du centre, plus on se trouve dans le monde des contraires, de la dualité, des manifestations grossières du « connaître » (dire « conscience » ne serait pas exact ; « connaître » non plus, d’ailleurs, puisqu'il s'agit tout aussi bien d'un non-savoir) universel.

Plus on revient vers le centre du mandala, plus on s’achemine vers l’éveil, c’est-à-dire vers la conscience de la résorption des contraires, de la Vacuité, elle-même vide de toute nature. Là cesse toute agitation de l’esprit qui se concentre en sa propre vacuité. Toute forme dérive du point primordial mais le point lui-même n’a pas de forme, il est sans dimension. C’est en lui que se trouve l’essence du mandala. En ce centre, on peut apercevoir une déité dont le mandala est censé invoquer la présence : le Bouddha lui-même, par exemple, ou une image de l’union mystique entre le féminin et le masculin, ou encore parfois une syllabe inintelligible, purement sonore, extraite d’un mantra (chant sacré) et exprimant l’ineffable unité de l’univers.

Le mandala comprend fréquemment un carré, sorte de mur d’enceinte figurant le temple du corps, de la parole et de l’esprit, percé de quatre portes en forme de T et correspondant aux quatre points cardinaux (on y entre par l’Est, on en sort par le Nord). Ces portes sont les quatre voies de la libération. Ce carré peut lui-même comprendre des cercles concentriques.

Autour du mandala sont souvent représentées des divinités protectrices, issues du polythéisme hindou. Parmi les plus répandues se trouvent des déesses ou des bodhisattvas qui surgissent dans une auréole de flammes rouges, entourés de serpents ou couverts de peaux de bêtes, de bijoux en os et de colliers de têtes tranchées..., en train de piétiner les concepts égocentriques du soi et de la personnalité.

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BIBLIOGRAPHIE

 

1) Sur la médecine et son iconographie selon les bouddhistes tibétains :

A. Baker (texte) et Romio Shreska (peintures), L'Art de guérir au Tibet, traduit par Patrick Carré, Le Seuil, 1998.

 

2) Sur les mandalas (bouddhistes et hindous) et les labyrinthes :

- Jacques Attali, Chemins de sagesse - Traité du labyrinthe, Fayard, 1996.

- Anjan Chakraverty, Peintures sacrées du Tibet - Mandalas et Tangkas (collections privées du monde entier et de Sa Sainteté le Dalaï Lama), Guy Trédaniel éditeur, 1998.

- Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou, Tibet, La Roue du temps - Pratique du mandala, Actes sud, 1995.

- J. Chevalier et A. Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Robert Laffont, (réédition) 1982.

- Dr Rüdiger Dahlke, Mandalas : comment retrouver le divin en soi, traduit par M.-B. Jehl, Dangles, 1988.

-  Dr Rüdiger Dahlke, Manuel de thérapie par le mandala, traduit par Claude Dhorbais, Le Courrier du livre, 2000.

- René Guénon, Symboles de la science sacrée, Gallimard, 1962.

- Jean Letschert, Le Temple intérieur, éditions du Trigramme, 1991.

- Myriam Philibert, Le Labyrinthe, un fil d'Ariane, éditions du Rocher, 2000.

- Paul de Saint-Hilaire, L'Univers secret du labyrinthe (avec le catalogue illustré des 500 labyrinthes connus), Robert Laffont, 1992.

- Gérard de Sorval, La Marelle ou les sept marches du paradis - Itinéraire initiatique, Dervy, 1996.

- Giuseppe Tucci, Théorie et pratique du mandala, traduit par H. J. Maxwell, Fayard, 1974.

 

3) Sur le bouddhisme :

- John Blofeld, Le Bouddhisme tantrique du Tibet, traduit par Sylvie Carteron, Le Seuil, 1976.

- Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme (844 pages), Le Seuil, 2001.

- Taisen Deshimaru, L'Esprit du Ch'an - Aux sources chinoises du zen, Albin Michel (réédition), 2000.

- Claude B. Levenson, Les Symboles du bouddhisme tibétain, éditions Assouline, 1999.

- Albert Low, Aux sources du zen, traduit par Monique Dumont, Le Relié, 2001.

- Mathieu Ricard et Jean-François Revel, Le Moine et le philosophe - Le bouddhisme aujourd'hui, Nil, Paris, 1997 puis 1999.

- Mathieu Ricard et Trinh Xuan Thuan, L'Infini dans la paume de la main - De l'éveil au big bang, Nil/Fayard, Paris, 2000.

- Sa Sainteté le quatorzième Dalaï Lama, Le Pouvoir de l'esprit - Entretiens avec des scientifiques, traduit par Patrick Carré, Fayard, 2000.

- Robert A.F. Thurman, Le Livre des morts tibétain, traduction anglaise du Livre tibétain des Morts écrit par Padma Sambhava, traduit en français par G. Poulain et R. Huart, Christian de Bartillat éditeur, 1995.

- Jean-Marc Vivenza, Nâgârjuna et la doctrine de la vacuité, Albin Michel, 2001.

- Môhan Wijayaratna, Les Entretiens du Bouddha (traduction intégrale de 21 textes du canon bouddhique), Le Seuil, 2001.

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