HISTOIRE DE L’ASTRONOMIE
ENTRE LE MYTHE ET LA SCIENCE
Avant le Moyen âge, tous les peuples précolombiens pratiquent
des religions totémiques : ils
pensent que la nature est tout entière peuplée de dieux et qu’eux-mêmes
descendaient de ces esprits - animaux ou végétaux. Ces esprits de la nature sont des totems. Ils les adorent en
sculptant des statues à leur image. Ces divinités sont à la fois leurs ancêtres
et les protecteurs de leur clan.
Au Moyen Age, de brillantes
civilisations viennent remplacer ces religions totémiques, tout en restant
marquées par leur empreinte : celles, en particulier, des Mayas de l’âge
classique, des Aztèques et des Incas.
Un autre de leurs points communs est la croyance en
l’existence de quatre créations de
l’univers - appelées « Soleils »
- avant leur propre venue. Chacune de ces créations a disparu en raison de son imperfection. Seule
la naissance du cinquième Soleil a permis l’union des différents éléments de
la création : la terre, l’air, l’eau et le feu. Chaque fois que
les deux principaux calendriers se terminent à la même date (une fois tous les
52 ans), le Soleil risque de disparaître
et l’univers d’être dévoré par les planètes et les étoiles. Chez tous ces peuples, on note donc une angoisse fondamentale : la
peur de voir mourir le Soleil, source de vie, ainsi que la nécessité
d’apaiser la colère ou la souffrance des dieux par des sacrifices humains.
Les Mayas sont fascinés par
le temps et le ciel. Ce sont eux qui, dans l’ancienne Amérique, élèvent
l’astronomie au rang de science. Ils
sont aussi, d’ailleurs, les premiers précolombiens à élaborer une véritable
langue écrite, composée de glyphes, c’est-à-dire de dessins symboliques.
Ainsi les scribes rédigent-ils des milliers de codex, sur des écorces de
figuier ou des peaux de cerfs ; c’est sur ces supports qu’ils
consignent soigneusement leurs observations astronomiques.
Mais,
par ailleurs, leur sens du mythe est
très vivace, comme en témoigne la ville mystérieuse de Copan, considérée
comme étant à la lisière de l’univers, la plus à l’est des grandes cités
mayas, et dont l’autel, l’architecture générale et la statuaire témoignent
d’une véritable fascination pour les mystères du cosmos :
-
Les montagnes sont pour eux les
demeures des ancêtres. Les pyramides représentent celles-ci et servent de sépultures et de lieu de culte
(elles permettent d’accéder à un autre monde cosmique) ;
-
Les places de leurs villes figurent
des étendues d’eau ;
-
Les stèles verticales symbolisent
les arbres des forêts ;
-
Quant aux temples, ils sont à la
fois des sanctuaires, des monuments funéraires (leurs neuf étages représentent les neuf
couches des enfers que le roi doit traverser après sa mort) et des observatoires
astronomiques.
Au
sommet de la société, le roi est
l’intermédiaire entre les dieux et les hommes, il jouit d’un pouvoir
absolu et il est le garant de l’ordre cosmique.
1 - Leurs connaissances astronomiques :
Ce
sont de grands observateurs :
ils reportent méticuleusement sur des cartes la position et le mouvement des étoiles
et des planètes (surtout celle de Vénus, un corps céleste essentiel à leurs
yeux), ainsi que les éclipses (solaires et lunaires) et le passage des
constellations de leur zodiaque d’une saison à l’autre. Grâce à ces
cartes, ils élaborent des tables servant à prévoir le mouvement des astres.
Les prêtres-astronomes s’appuient à la fois sur ces observations et sur le
calendrier pour se livrer à des prévisions méthodiques et à des prophéties
qui règlent la vie quotidienne des Mayas et les projets qu’ils forment pour
l’avenir.
Mais les Mayas sont aussi de très grands
calculateurs :
pour calculer la trajectoire des étoiles et des planètes et pour exécuter
beaucoup d’autres opérations, les Mayas disposent d’un système mathématique
apte à traiter les nombres élevés. Il s’agit d’une méthode de décompte
fondée sur le nombre vingt. Les chiffres sont représentés par une combinaison
de points et de barres. Les Mayas inventent également l’arithmétique de
position et généralisent l’usage du zéro, concept abstrait. Les nombres
s’écrivent en colonnes : la ligne du bas est réservée aux unités (1
à 19), la ligne du milieu aux vingtaines, la ligne supérieure aux quatre cents ;
sur la colonne suivante, la ligne du bas est réservée aux huit mille, et ainsi
de suite. C’est ainsi qu’ils peuvent réaliser des calculs portant sur des
millions.
En outre, les Mayas maîtrisent parfaitement la
science de la chronologie et leurs calendriers sont plus exacts que ceux qu’on
utilise en Europe à l’époque. Ceux-ci, tout comme leur système mathématique,
utilisent la vingtaine comme unité de décompte, chaque cycle de vingt ans étant
appelé katun. En fait, les Mayas
utilisent non pas un mais plusieurs calendriers qui s’imbriquent les uns dans
les autres et fournissent des indications sur l’année rituelle, l’année
solaire, le cycle lunaire, le cycle vénusien et le décompte des jours depuis
le début de leur ère, soit un cycle de 5200 ans destiné à s’achever le 23
décembre 2012 :
1)
Composé de 260 jours, le premier
calendrier permet aux prêtres mayas - les « gardiens des jours » -
de faire des prédictions et d’organiser des rituels. (Les Mayas
organisent de grandes fêtes tous les 8 ans et tous les 104 ans.) Chaque jour
est représenté par un glyphe (signe) - il y en a 20 au total -,
associé à un nombre compris entre 1 et 13. Au 14ème jour,
il reste 7 signes mais plus de nombre : la numérotation recommence donc à
un, associé à un autre glyphe. Lorsque le décompte revient au 1er glyphe utilisé, le chiffre correspondant est le 8. Il faut 260 jours pour que
le 1er glyphe et le chiffre 1 soient de nouveau associés.
2)
Le calendrier solaire (365 jours) est
plus simple : il comporte 18 mois de vingt jours et un mois de cinq
jours appelé Uayeb et considéré
comme néfaste.
3)
Le troisième calendrier - le Compte Long
- est le décompte continu des jours écoulés depuis le 13 août de l’an 3114
avant J-C. Dans la date 8.12.7.0.9,
par exemple, 9 représente le
nombre de jours, 0, le nombre de mois, 7, le nombre d’années de 360 jours,
12, le nombre de périodes de vingt ans et 14, le nombre de périodes de 400
ans.
4)
Il existe enfin un calendrier vénusien de 584 jours (= 1 cycle de Vénus).
En
effet, pour les Mayas, la planète la plus importante, après le Soleil et la
Lune, est Vénus. A la fois astre et
divinité (c’est le frère du Soleil),
Vénus est un être masculin et maléfique :
son apparition, à l’aube ou au crépuscule, est de très mauvais augure. Dans
ce cas, les prêtres et le peuple se préparent physiquement et moralement à
affronter une catastrophe. En outre, cette planète est censée émettre des
rayons nocifs. Lorsqu’elle est visible, les Mayas ferment leurs volets. Enfin,
Vénus joue encore un rôle après la
mort : les événements marquants survenant durant la descente aux
enfers sont probablement dus à l’apparition de cet astre dans le ciel. C’est pourquoi les prêtres-astronomes consacrent toute leur énergie
à prévoir les allées et venues de Vénus avec une extrême précision ;
c’est dans ce but qu’ils ont édifié un observatoire, au début de l’époque
postclassique. Ils ont compris que l’étoile du matin et celle du berger ne
forment qu’un seul et même corps céleste, ce qui est déjà en soi un
exploit. Puis, leurs prévisions et leurs calculs au sujet de cette planète ont
atteint une précision inégalée.
2 - Leur mythologie de l’univers
On
le voit, les Mayas ne séparent pas
l’astronomie la plus rigoureuse d’une dimension mythologique. Pour eux, les
mouvements des étoiles reproduisent tous les soirs les faits et gestes des héros
de leur mythologie. Ils sont persuadés
qu’il leur faut apaiser les divinités, responsables de la création de
l’univers, par des sacrifices sanglants.
A
l’origine, il n’y a rien, sauf le ciel et un vaste océan primordial. Lors
d’une réunion, les divinités célestes et marines décident de se procurer
des adorateurs. Ils donnent donc la vie à ceux-ci, d’abord en
prononçant le mot « Terre » : aussitôt apparaît une brume
qui prend forme et se déploie. Pour parfaire la création, les divinités
mesurent, plantent des pieux, étendent une corde dans le ciel, sur la Terre et
ses quatre côtés. En somme, ils utilisent la méthode avec laquelle les
paysans mayas mesurent leurs champs avant de les ensemencer.
La
Terre est donc carrée et circonscrite dans ses parties supérieures et inférieures
par deux arènes surnaturelles. Au-dessus de la Terre se trouve le royaume
céleste, où résident de nombreuses divinités. Au-dessous, c’est le terrifiant
inframonde, peuplé de personnages peu recommandables.
Au centre du cosmos se dresse
l’Arbre de Vie cosmique.
Son nom est « Ciel Relevé »
parce que les dieux ont relevé le ciel au début de notre ère et utilisé un
arbre surnaturel pour le soutenir. Le ciel par ailleurs est soutenu par quatre
autres arbres, placés aux quatre coins de la Terre. Les côtés du carré sont
orientés vers les quatre points cardinaux et le cosmos tout entier tourne
autour de l’axe formé par l’Arbre central.
Cet
arbre ne sert pas seulement de pilier ;
il est aussi le canal cosmique qu’empruntent les âmes des défunts. Il
plonge ses racines dans le monde des enfers, dresse son tronc dans le monde
terrestre et lance ses branches vers le royaume des cieux. C’est Chac,
le dieu de la pluie, qui est perché
dans les branches de l’arbre. Ce dieu est à la fois bénéfique et maléfique.
Les Mayas font remonter
l’origine du monde au 13 août de l’an 3114 avant J-C. C’est à cette date que les « Trois Pierres de la Création »
ont été posées. Ces pierres constituent le premier foyer, demandé par le Dieu
du Ciel Relevé, Hun Hunahpu qui
est aussi dieu du maïs et père des Jumeaux héroïques, Hunahpu
et Ixbalanqué.
Ceux-ci ont été conçus de manière miraculeuse, à
l’endroit où le dieu du maïs est convoqué pour un jeu de balle trop bruyant
pour les dieux des enfers : après qu’il a été puni - décapité - aux enfers et que sa
tête a été suspendue à un arbre, une jeune fille de l’inframonde, qui
passe par là, est fécondée par la salive lancée par la tête du dieu. Elle
s’enfuit et remonte sur Terre et c’est là qu’elle enfante les Jumeaux.
Les autres fils du dieu supportent mal l’existence de ces Jumeaux et se
mettent à les tourmenter ; les Jumeaux les transforment en singes, êtres
créatifs qui deviendront ensuite les patrons des musiciens et des artistes. Les
Jumeaux aiment, eux aussi, les jeux de balle et les dieux infernaux en sont de
nouveau indisposés. Contraints de se rendre aux enfers, ils subissent une série
d’épreuves au cours desquelles ils en profiteront pour ressusciter leur
père. (Dans certaines représentations de cette résurrection, on voit alors le
dieu sortir d’une carapace de tortue.) Puis, les Jumeaux vengent la mort de
leur père en triomphant, par la ruse, des dieux des enfers. Enfin, ils montent
au ciel, où ils deviennent le Soleil
et la Lune.
Désormais,
le dieu du Soleil s’appelle Kinich
Ahau ; il est jeune à l’aube,
vieux le soir. La nuit,
il se rend aux enfers et se
transforme en Jaguar. Là, il combat
les dieux de la mort, maîtres des lieux infernaux. Il échappe toujours à ses
cruels geôliers et réapparaît chaque matin à l’horizon, sous la forme
d’un astre. Signalons que le Jaguar est aussi le symbole du pouvoir royal.
Quant à la déesse de la Lune, elle revêt
la forme d’une belle jeune femme.
Elle est parfois représentée avec un lapin
dans les bras : autrefois aussi brillante que le Soleil, son éclat a
été terni par les divinités qui lui ont jeté un lapin au visage.
Les animaux cosmiques sont
importants :
La
Tortue joue un rôle fondamental dans
les récits de la création. D’après certains textes, la Terre repose sur une
grande Tortue qui flotte à la surface d’un vaste océan primordial. La
constellation d’Orion est représentée
sous la forme d’une tortue et trois étoiles d’Orion sont étroitement liées
aux Trois Pierres de la Création. Ce
lien entre Orion et le foyer primitif a survécu dans les mythes mayas d’aujourd’hui. Chaque année, durant la
nuit du 13 août, date anniversaire de la création, Orion apparaît dans le
ciel à proximité du point où la voie lactée coupe l’écliptique. Juste
avant l’aube, la constellation atteint son point culminant dans le ciel :
c’est à cet endroit, croit-on, que le dieu du maïs est ressuscité et que
les pierres cosmiques sont apparues pour la première fois.
Le
Serpent des Visions est également un animal essentiel : il permet aux
rois mayas de communiquer avec l’univers surnaturel. Il possède deux têtes,
l’une située dans le monde naturel, l’autre, dans le monde surnaturel. Les
divinités et les ancêtres peuvent s’introduire dans l’une des grandes
gueules de l’animal, se déplacer dans son corps et ressortir par la tête
située dans le monde des mortels. Dans le ciel nocturne, le Serpent des Visions
prend la forme de la Voie lactée.
Qu’en est-il des hommes ?
Après avoir créé la Terre, les dieux entreprennent
de donner naissance à leurs futurs adorateurs. D’abord, ils font les animaux mais
ne reçoivent qu’hurlements et gloussements en guise de cris d’adoration.
Ensuite,
ils essaient de créer un homme en glaise,
mais celui-ci est bien décevant.
Puis,
ils créent un peuple de bois mais
celui-ci n’a pas d’âme ; alors, les dieux décident de détruire ces
hommes de bois.
Dernière
tentative : ils recueillent des grains de maïs, aliment de base des Mayas, qu’une vieille déesse nommée
Xmucane pile neuf fois. En leur ajoutant un peu d’eau, elle peut par miracle créer les quatre premiers hommes. Ceux-ci apprennent rapidement à adorer les dieux
et à leur offrir des sacrifices adéquats.
Contrairement aux Mayas, les
Aztèques ne connaissent pas l’écriture. Ce peuple est divisé en deux
classes :
-
Celle de la noblesse, cultivée et
puissante ; l’astronomie est
l’une des disciplines qui font partie de leur instruction ;
-
Celle de la plèbe, non cultivée
et pauvre ; ce sont des guerriers
et des artisans.
C’est un peuple particulièrement
guerrier et sanguinaire : leur religion l’exige ; leur pratique
religieuse est fondée sur des sacrifices humains quotidiens. Ils ont donc
besoin de vaincre d’autres guerriers pour les offrir en sacrifice.
Les Aztèques s’installent dans la Méso-Amérique vers 1325, au lac de Texcoco, car leur dieu suprême le leur a demandé au moyen d’un signe : un aigle posé sur un figuier, dévorant un serpent. Ils se mettent alors à construire un empire. Un peu comme les Hébreux, les Aztèques se considèrent comme un peuple élu ; c’est ce qui leur donne la force de combattre sans cesse.
1 - Une mythologie de Soleil et de Sang :
Selon la croyance, les dieux
et les déesses ont autrefois subi d’horribles souffrances et ont versé leur
sang pour créer le monde des hommes. C’est pourquoi les Aztèques pensent
qu’il faut les récompenser de leur sacrifice en les nourrissant et en les
maintenant en vie grâce à du sang humain ; sinon, l’univers risque de
disparaître. A l’extérieur des temples, les têtes
des victimes sont disposées sur des râteliers. Les autels qui servent aux
sacrifices sont également ornés de rangées de crânes. Les prêtres tuent
leurs victimes (esclaves ou prisonniers de guerre) en leur arrachant le coeur
à l’aide d’un couteau de pierre très coupant ; ils enduisent aussi de sang
les murs et les marches du temple. Certains événements particuliers, comme la
construction d’un temple ou le début d’un règne, s’accompagnent de
sacrifices humains très importants. En 1487, par exemple, 20000 captifs sont
immolés pour l’inauguration du temple de Tenochtitlan.
Le dieu principal est le dieu de la Guerre,
de l’Orage et du Soleil :
il est appelé Huitzilopotchli. Il est vêtu d’une armure bleue, sa tête et sa
jambe gauche sont ornées de plumes de colibri et il porte un javelot bleu dans
la main gauche. Son corps tout entier est peint de bleu.
Sa
mère, Coatlicue, déesse de la Terre,
dont la robe est tissée de serpents, donne d’abord
naissance aux quatre cents étoiles du ciel nocturne et à la déesse de la Lune,
Coyolxauhqui. Ensuite, elle est fécondée
par une couronne de plumes alors qu’elle est en prière. Furieux, les dieux-étoiles
lui tranchent la tête mais le dieu a eu le temps de naître, adulte et armé, et il tue
ses demi-frères.
Huitzilopotchli meurt
chaque soir : après avoir accompli sa course jusqu'à midi sur le dos
d’un serpent de feu, il est entraîné par les âmes des femmes mortes en
couches jusqu’au royaume des morts.
Il renaît
chaque matin. Mais, pour renaître,
il doit être nourri par le coeur et le sang de guerriers captifs - d’où des
sacrifices humains permanents.
Mais
il existe différents dieux du Soleil, chacun ayant des attributs particuliers :
- Un autre dieu très important est le dieu du
Soleil, de Vénus et
du Vent : il s’appelle Quetzalcoatl.
Il est le maître de la vie, créateur,
civilisateur, patron de tous les arts. Il est représenté sous la forme
d’un Serpent à plumes.
A lui aussi, il faut offrir des sacrifices humains.
-
Il faut aussi mentionner l’existence du dieu Tezcatlipoca (« miroir fumant »), à la fois dieu
du Soleil d’été, qui mûrit les moissons mais apporte également la sécheresse
et la stérilité, et de la Lune,
quand arrive le soir. Il apparaît parfois aux hommes sous la forme d’un
monstre affreux ou d’un jaguar. La nuit,
il erre sous la forme d’un géant
terrifiant, drapé d’un voile cendré, portant sa tête à la main. Si
quelqu’un parvient à l’empoigner sans le lâcher jusqu’au lever du
soleil, le dieu lui offre richesses et pouvoirs invincibles. Les Aztèques le
craignent plus qu’aucun autre dieu et lui offrent également des sacrifices
sanglants.
Il est le grand ennemi
de Quetzalcoatl. Il est représenté avec une face d’ours et des yeux
brillants. Il porte sur le visage des rayures jaunes et noires. Son corps est
peint de noir et ses chevilles sont garnies de sonnettes. C’est lui qui
provoque les disputes et les guerres.
Les
autres dieux importants sont les suivants :
-
Tlaloc, dieu de la Pluie, des Montagnes et
des Sources. Peint de noir lui
aussi, il porte une couronne de plumes blanches surmontées d’une plume verte.
L’un de ses attributs est le serpent à deux têtes. Il cohabite, sur la crête
des montagnes, avec les déesses des céréales, et en particulier Xilonen,
déesse du maïs. Son culte est le
plus horrible de tous car des bébés et des enfants lui sont sacrifiés. Sa soeur
et femme, Chalchiuhtlicue,
est la déesse de l’Eau.
-
Tzinteotl est la déesse des Origines
et de l’Enfantement.
- Xipe Totec est le dieu du Printemps et de la Croissance.
Les
Aztèques ont, eux aussi, leur tradition
du déluge et de la confusion des langues : l’humanité a été anéantie
par le déluge, mais un homme et une femme se sont sauvés dans une barque et ont abordé sur une montagne ; ils auront un grand
nombre d’enfants. Ceux-ci sont muets jusqu'à l’âge où une colombe leur communique le don
des langues. Mais ces langages sont tellement différents qu’ils ne
peuvent se comprendre.
2 - Leur représentation de l’univers :
Les
connaissances astronomiques des Aztèques sont beaucoup plus réduites que
celles des Mayas.
Ils possèdent un calendrier
solaire comportant 18 mois. Chaque mois est consacré à un dieu ou à une
divinité. Au centre de ce calendrier est représenté le Soleil, Principe et
Achèvement de toutes choses. (C’est d’ailleurs vers ce même Soleil que
leurs pyramides sont Dressées.) Ce calendrier solaire, gravé dans la pierre,
est fondé sur l’observation des phases de la Lune et du mouvement du Soleil.
Le
temps pour les Aztèques ressemble à un disque de pierre, un bloc massif, qui
peut cependant s’effriter comme du sable si on n’y fait pas attention ;
si un jour il s’effritait, il deviendrait alors de l’espace.
Voici leur conception de
l’univers ; celui-ci s’étage sur trois niveaux :
-
Niveau central : L’univers se compose de la Terre entourée
d’eau. En son centre s’élève le temple principal, dédié au Soleil. A
partir de ce centre s’étendent les quatre carrés de l’univers, qui portent
les noms suivants : lapin / roseau / couteau / maison. Chacun de ces carrés
est régi par un dieu.
-
Niveau supérieur : C’est là que se situe le Monde Supérieur,
composé de 13 cieux, où résident notamment Tonatiuh,
le Soleil, Meztli, la Lune et Tlahuizcalpantecuhtli,
seigneur des Rougeurs du matin et
grand amateur de sacrifices.
-
Niveau inférieur : Ce niveau comporte les neuf mondes souterrains.
Petite
tribu d’agriculteurs au départ, les Incas imposent leur domination aux Andes au XVème
siècle, sous le règne de deux
grands guerriers : Pachacutec et son fils Topa. Ces monarques se proclament
Incas, c’est-à-dire : « Fils du Soleil ». Ils jouissent
d’un immense pouvoir. A leur mort, comme en Egypte, leur corps est momifié ;
il est aussi orné de fleurs et conservé au palais.
Au-dessous
du Roi, il y a les membres de la famille royale, puis les fonctionnaires.
C’est un peuple très ordonné et méticuleux.
Le
domaine des Incas s’étend sur 700000
kilomètres carrés ! Leur cité la plus célèbre s’appelle Machu Picchu. Grands bâtisseurs, ils édifient des temples, des
palais, des bâtiments administratifs et des cités fortifiées. Excellents
artisans, ils fabriquent de magnifiques poteries, des étoffes et de somptueux
bijoux en or. Ils recouvrent également d’or les murs de leurs cités.
1
- Le culte du Soleil et des autres divinités :
L’or est pour eux le symbole
de leur dieu suprême : le Soleil. C’est le culte du Soleil qui remplace
le totémisme, très ancré chez leurs ancêtres. Le nom péruvien du Soleil est
Inti ou Apu-Punchau (le « chef du jour »). Il a une forme humaine.
Son visage est représenté par un disque d’or entouré de rayons et de
flammes. Les Incas se considèrent comme ses descendants et eux seuls ont le
droit de prononcer son nom. Inti, après avoir parcouru le ciel, se couche à
l’ouest dans la mer, qu’il assèche en partie. Il revient en nageant sous la
Terre et en ressort, rajeuni par ce bain. Quant aux éclipses solaires, elles
sont considérées comme les colères d’Inti.
Parmi
les autres divinités, la Lune, Mama
Quilla, vient immédiatement après le Soleil, son époux et son frère. (De
nombreux temples sont d’ailleurs dédiés à ces deux divinités ; le
plus célèbre est celui de Cuzco.) Elle est représentée par un disque
d’argent aux traits humains. Elle est la déesse protectrice
des femmes mariées.
D’autres
divinités célestes gravitent autour de ce couple Soleil/Lune : elles
sont leurs serviteurs. Il s’agit en
particulier de Cuycha, l’Arc-en-ciel ;
Catequil, dieu du Tonnerre et de l’Eclair, à qui on sacrifie des enfants ; Chasca,
la planète Vénus, page du Soleil et
protectrice des princesses, des jeunes filles et des fleurs ; les autres
planètes et les étoiles sont
les demoiselles d’honneur de la Lune. Certaines constellations font également
l’objet d’un culte : les Pléiades,
protectrices des céréales. Les comètes
sont le signe de la colère des dieux.
Mais
on adore aussi Pachamama, la Terre-Mère,
Nina, le Feu et Supaï,
le dieu des morts, résidant à l’intérieur de la Terre. Ce dernier est un
dieu sombre et vorace, avide d’augmenter sans cesse le nombre de ses sujets,
et qu’il faut, pour cette raison, apaiser constamment par les sacrifices de
nombreux enfants.
Les
Incas ne suppriment pas les cultes antérieurs à celui du Soleil et de la Lune :
c’est ainsi qu’ils conservent Viracocha
(dieu créateur revêtant la forme de
l’Ecume ou de la Graisse du lac,
représenté comme un homme barbu, signe des dieux aquatiques, époux de
Mama-Cocha, déesse de la Pluie et de l’Eau)
et Pachacamac (celui
qui anime la Terre), considéré par les populations maritimes du Pérou
comme le dieu suprême. Il devient même le rival de Viracocha en renouvelant le
monde, changeant les hommes créés par celui-ci. Ce devait être un dieu du
feu. C’est pourquoi les Incas en font un Fils du Soleil, maître des géants.
Son culte exige le sacrifice de vies humaines. Il est invisible et on
interdit toute représentation de lui.
Certains
dieux ont une forme animale : les serpents (Urcaguay, par exemple, dieu des
trésors souterrains et serpent à tête de cerf et possédant une queue ornée
de chaînettes d’or), le condor, messager des dieux.
Les
Incas recrutent dès l’âge de huit ans les Vierges du Soleil, appelées Aclla :
ce sont des vestales qui entretiennent le feu sacré ; d’abord enfermées
dans des cloîtres, elles sont ensuite mariées à des chefs au rang élevé.
Parmi
les mythes des Incas, on compte ceux de la création de l’univers, de
l’origine des hommes, du déluge.
2
- Leurs connaissances astronomiques :
Elles
sont naturellement beaucoup moins élaborées que celles des Mayas, comme le
montre le fait qu’ils considèrent les éclipses et les comètes comme des
signes de colère divine.
Ils
ne connaissent pas l’écriture mais disposent d’une méthode
de calcul qui leur permet d’organiser et d’administrer très
soigneusement leurs cités et d’élaborer leur calendrier solaire. Ils
comptent à l’aide d’un assemblage de
cordelettes colorées et nouées : les différentes combinaisons de
noeuds et de couleurs leur permettent de tout dénombrer.
Chaque
cité dispose un bloc de granit dont
les nombres indiquent le cycle des
saisons, des semailles aux moissons. Ce bloc de pierre sert aussi au culte du Soleil.
Au sommet des pyramides,
on trouve un prisme de granit qui
constitue le calendrier solaire. Le
passage du temps et le cycle des saisons revêt pour les Incas un caractère
sacré. Chaque étape de ce cycle est
célébrée par des rituels précis.
Le culte du Soleil, le dieu-Père, est bien entendu de rigueur : les
officiants (hauts dignitaires et personnages de la Cour royale) sont vêtus
d’or et de plumes.