MAITRE BOUDDHISTE
"Esprit et corps détachés".
Des
deux principales écoles du Zen japonais, le Soto fut la seconde à s'implanter.
Dogen, son fondateur, fut d'abord un élève de Eisai, le maître Rimai de la
fin du XIIème siècle, Comme beaucoup de penseurs de l’époque, Dogen débuta
sa carrière au monastère Tendai près de Kyoto, puis se rendit à quatorze ans
au temple Zen d'Eïsai. Eisai mourut peu après, mais le jeune moine continua à
étudier le Zen, et se rendit en Chine en 1223. Il y demeura jusqu'en 1227, y
rencontrant, selon ses écrits, de nombreux obstacles.
Dans
un récit candide, Dogen raconte comment, dans son attachement à la méditation
formelle, il ne pouvait comprendre au départ pourquoi les moines chinois
devaient se soumettre à des tâches apparemment triviales. Il rapporte comment
il rencontra un tenzo (moine cuisinier) chinois venu acheter des champignons.
« Monsieur, dit Dogen, pourquoi ne méditez-vous pas et n'étudiez-vous
pas les koans des maîtres anciens? Pourquoi travailler si dur en tant que tenzo
?- Vous semblez bien ignorant de l’entraînement et du sens réel du
bouddhisme ! » s'exclama le vieux moine en riant. « Â cette époque, confesse
Dogen, j'étais incapable de comprendre ce que cela signifiait. »
Cette
histoire illustre à la fois l’humanité du futur maître et le caractère du
Zen que Dogen développera. Plus peut-être que toute autre école, le Soto
souligne l'importance d'accomplir les actions quotidiennes, des rites du temple
à la simple défécation, comme l'expression de la conscience bouddhiste. La
pratique, selon le Soto, est l'Éveil. Le simple fait de s'asseoir en méditation
est l’Éveil.
Vers
la fin de son séjour en Chine, Dogen entra au monastère du maître Tch'an
Jou-Tching, sous la direction duquel il intensifia sa pratique du shikantaza
(simplement s'asseoir). Un matin, il entendit l’abbé gronder un moine qui s'était
assoupi dans sa méditation. « Le Zazen [méditation] est la façon de lâcher
le corps et l'esprit ! Que peux-tu achever en t'endormant ! » À cet instant,
Dogen lui-même s'éveilla.
«
J'ai fait l’expérience de lâcher le corps et l’esprit », écrivit-il.
Jou-Tching confirma l’éveil de Dogen et lui donna la permission de retourner
au Japon. « Demeure au large des villes, des rois et des ministres », lui
conseilla-t-il. « Fais ta demeure dans les montagnes, dans les vallées isolées,
et ne transmets l’essence du Zen qu'à celui qui est un vrai chercheur de
bodhi [éveil]. »
De
retour au Japon, Dogen fut déçu de trouver les moines Zen Rinzai vivant avec
leurs « propres affaires, des robes délicates et des trésors entassés ».
Revenu établir le Zen, il construisit une salle de méditation au temple de
Kosho-ji où il commença à entraîner des moines et écrivit ses Règles de
la nouvelle salle de méditation. Dans ce texte, Dogen exprime sa passion en
tant que maître et met l’accent sur un effort constant. « Imaginez que votre
tête est sur le feu, écrit-il, c'est le moment de la sauver. »
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Voix
de DOGEN |
Au cours de sa vie relativement brève, Dogen écrivit des oeuvres d'importance majeure pour le Zen comme pour le bouddhisme en général. Cela va de courts travaux décrivant la pratique Soto jusqu'au Shobo genzo, un grand et beau livre esquissant des essais analytiques dans une prose visionnaire qui le range parmi les plus grands dans la littérature mondiale. Le génie de Dogen réside dans une parole complètement directe. Orthodoxe quant aux traditions Hinayana et Mahayana, mais ignorant les théories bouddhistes accumulées depuis 1500 ans, Dogen s'appliqua à restaurer le dharma comme s'il était entièrement neuf. Dans sa voie résonne un timbre humain, âpre et étonnamment moderne. Ce moine altier et austère avait aussi l'humour et l'humilité qui accompagnent l'honnêteté intellectuelle. Quand l'empereur lui offrit la robe patriarcale, il écrivit «Si un vieux moine ici portait le kashaya pourpre, les singes et les grues se riraient de lui ! »
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L'important, c'est Zazen |
Le
point le plus important dans l’étude de la Voie, c'est zazen.
En
Chine, nombreux sont ceux qui ont atteint l’illumination simplement grâce à
la puissance de zazen. Certains, ignorants au point de ne pas pouvoir répondre
à une seule question, ont dépassé ceux qui avaient étudié pendant des années
simplement grâce à l'efficacité de leur ferme dévotion dans la pratique de zazen.
Il
est donc conseillé aux étudiants de ne se concentrer que sur zazen et de ne se
préoccuper de rien d'autre.
La Voie des Bouddhas et des Anciens n'est que zazen. Ne suivez rien d'autre.
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L'acte de Zazen |
Tenez-vous
à l'écart des affaires du monde et laissez en repos les myriades de phénomènes.
Zazen
ne consiste pas à penser ni au bien ni au mal. Ce n'est pas un effort
conscient. Ce n'est pas de l'introspection. Ne désirez pas devenir un Bouddha.
Ne restez pas trop longtemps assis ni allongé. Modérez nourriture et boisson.
Soyez conscient du temps qui passe et engagez-vous dans l'acte de zazen comme si
vous deviez vous échapper d'un incendie.
![]() | Etoiles |
Pendant
54 ans avec des étoiles
J'ai
décoré le ciel.
Maintenant,
j'y gambade,
C'est
bouleversant !
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Vie et mort |
La
bûche devient cendre et ne redevient pas bûche. Malgré cela, ne croyez pas
que la cendre est le futur et la bûche le passé. Il vous faut bien comprendre
que la bûche subsiste dans l'expression phénoménale de bûche, qui contient
la totalité du passé et du futur, et est indépendante du passé et du futur.
La cendre subsiste dans l'expression phénoménale de la cendre, qui contient la
totalité du futur et du passé. Comme la bûche, qui ne redevient pas bûche
une fois qu'elle est devenue cendre, vous ne reviendrez pas à la vie après la
mort.
Cela
étant, il est une voie clairement établie dans le bouddha-dharma qui nie le
fait que la vie se transforme en mort. Dans cette optique, la naissance est
comprise comme non-naissance. C'est un enseignement indiscutable contenu dans le
discours du Bouddha qui affirme que la mort ne se transforme pas en vie. Ici, la
mort est comprise comme non-mort.
La
vie en elle-même est une expression dans sa totalité.
La
mort en elle-même est une expression dans sa totalité.
Elles
sont comme l'hiver et le printemps. Vous n'appelez pas hiver, le début du
printemps, ni été la fin du printemps.
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