AUTRE MAITRE

 

Guru Nânak

Textes de Nânak 

 

 

GURU NANAK

Bien que les Sikhs ne constituent que deux pour cent de la population indienne, ils ont exercé une profonde influence sur le développement politique et spirituel de l’Inde. D'après Guru Nânak, son fondateur, le sikhisme repose sur la croyance en une divinité unique, transcendante, ineffable et sans forme, qui se manifeste en toute chose dans le monde qu'elle a créé concept semblable au brahman. Nânak utilisa pour la désigner les noms de plusieurs dieux hindous et certaines épithètes musulmanes décrivant les différents attributs d'Allah.

Il pensait qu'en méditant sur l'un de ces noms, la vraie nature du divin pouvait être révélée. Pour lui, toutes les différences religieuses ne sont que le fruit de mâyâ (illusion), et toutes les formes extérieures de la pratique se révèlent inutiles si le coeur de l'adepte reste immergé dans le monde matériel.

Nânak fut aussi un grand réformateur social. Scandalisé par les conditions de vie des parias (« intouchables ») et des «  basses castes », il mit l'accent sur la bhakti (dévotion), par laquelle tout homme peut atteindre la délivrance en s'abandonnant au divin. Rejetant les iniquités du système des castes, il donna à chaque Sikh le nom de Singh  (" lion "), et créa des réfectoires communs dans les temples, où tous les disciples étaient égaux.

Les enseignements de Nânak furent rassemblés dans deux livres, le Adi Granth (Premier Livre) et le Granth Sahib (Livre du Seigneur), par Angad, le deuxième gourou sikh. Arjun, le cinquième, fut le premier à périr de mort violente. Après le décès du libéral Akbâr, il soutint le prince Khusru, le fils rebelle du nouvel empereur Jahangir. Mais quand il refusa de payer un tribut en guise de châtiment, on le tortura à mort. Par la suite, les Sikhs abandonnèrent leur pacifisme et évoluèrent lentement vers une société de guerriers. Sous l'égide de Govind Singh, leur dixième et dernier gourou, ils se constituèrent en ordre militaire.

Avant son assassinat en 1708, Govind décréta qu'il n'y aurait plus de gourous et que seul le livre sacré, le Granth Sahib, pouvait incarner l'autorité divine. Depuis, les Sikhs, divisés en groupes conduits par des chefs (sirdars), se sont répandus à travers toute l'Inde.

Depuis un siècle, le mouvement de réforme Sirgh Sabhâ a rapproché le sikhisme de la modernité, et lui a insufflé un nouvel élan. Mais depuis la partition du Penjab, leur territoire, en 1947, les Sikhs s'intègrent difficilement dans la fédération indienne.

 

LA VIE DE GURU NANAK

 Guru Nânak (1469-1539) naquit à Talwandi, près de Lahore, au Pendjab. Son père était un fonctionnaire du gouvernement, et Nânak lui-même fut employé par le sultan de Delhi. Mais en dépit de son statut, et bien qu'il eût assisté aux terribles invasions mogholes, les pierres angulaires de son enseignement furent l'égalité de chacun devant Dieu et la réconciliation entre hindous et musulmans.

Jeune homme, il travailla un temps pour les conquérants, à Sultanpur. Mais après avoir reçu sa « révélation », il partit en pèlerinage dans tous les lieux saints hindous et musulmans, y compris La Mecque. Puis il revint dans son Pendjab natal pour y fonder une communauté religieuse.

Au début du XVIème siècle, alors que Luther prêchait la Réforme en Europe, Guru Nânak enseignait l'unité et le renouveau à un nombre croissant de disciples. À leurs yeux, il était la source de toute vérité - et pour marquer leur dévotion, ils s'appelèrent Sikhs, nom dérivé du sanscrit shishya (disciple).

Marié, Guru Nânak avait deux fils, mais i1 choisit Lehna, l'un de ses plus proches élèves, pour lui succéder. Lehna prit le nom d'Angad, héros légendaire. Tout ce que lui enseigna Guru Nânak est consigné dans le Granth Sahib (Livre du Seigneur), pour lequel il inventa une nouvelle graphie, le gurmukhi, soulignant ainsi son caractère sacré.

Texte de NANAK

 

Si je vivais des âges et des âges

à ne me nourrir que de vent,

Dans ma grotte à ne voir le soleil ni lune

et sans répit pour dormir,

Je ne saurais exprimer Ta grandeur

ni glorifier assez Ton Nom.

 

Refrain : 

Ô Toi le Véridique, le Sans-forme

Dont toujours j'entends chanter les louanges,

si Tu le veux on Te désire.

 

si l'on m'égorgeait et me démembrait,

si l'on me moulait à la meule,

Si l'on me brûlait au feu du bûcher,

que je ne fusse plus que cendres,

Je ne saurais exprimer Ta grandeur

ni glorifier assez Ton Nom.

 

Si j'étais un oiseau, si je volais

librement à travers les cieux,

Et si nul ne pouvait m'apercevoir,

si je ne buvais ni ne mangeais,

Je ne saurais exprimer Ta grandeur

ni glorifier assez Ton Nom.

 

Ô Nânak ! si je lisais tous les livres

et si j'en comprenais le sens,

Si je ne devais jamais manquer d'encre,

si j'écrvais comme le vent,

Je ne saurais exprimer Ta grandeur

ni glorifier assez Ton Nom.

 

Nânak, Sirî Râgu (Adî Granth, p14-15). traduction originale de Denis Matringe.

 

De quoi l'être créé peut-il bien être fier, car seul le Créateur a le pouvoir de donner ?

Si telle est Sa volonté, il donne ; 

sinon rien ne peut être obtenu.

Que peut donc bien faire l’être créé de par lui-même ?

Le Seigneur est le seul véritable, l'unique, et en vérité, Il est amour.

L'aveugle poursuit son errance dans les ténèbres de la vanité.

Nous sommes les plantes parsemées dans Son jardin (terrestre), et chaque arbre est reconnu par les fruits qu'il porte.

De même l'homme est désigné d'après son propre mental, et ainsi il amasse les fruits dans la corbeille de sa destinée ; ce qu'il sème, il le récoltera aussi.

Imaginaire est le mur, fabuleux est le maçon qui l'élève, si nous ne savourons que le goût insipide produit de notre mental imparfait.

Si telle est la volonté du Seigneur, nous sommes aussitôt confrontés à Sa saveur;

mais sans Son Verbe éternel, ô Nanak, nous ne pouvons être tenus pour compte.

******

Les flammes du doute ne peuvent s'éteindre pour celui qui poursuit son errance dans les (trois) mondes,

pas plus que les impuretés qui le souillent intérieurement ne peuvent s'effacer.

O honteuse est une telle vie et la robe dont elle se revêt.

Seul le Chant éternel révélé par le Maître peut nous permettre de rendre un réel hommage au Seigneur.

O mon mental, accepte l'aide du Maître et éteins le feu qui te ravage ;

lave-toi à la fontaine du Verbe saint et apaise ton ego, ainsi que les désirs insatiables.

Précieux est le joyau du mental, mais seul le Verbe divin a le pouvoir de le révéler et de le mettre en valeur.

C'est en gardant contact avec la congrégation des Saints que nous est offerte la possibilité d'atteindre Dieu, et c'est par la grâce du Maître que Son souvenir vit en nous.

C'est ainsi que s'amenuise, puis s'éteint la puissance de l’ego et que le sommet de la paix peut être vaincu ;

l'eau se mêle à l'eau en ne laissant aucune trace.

Ceux qui oublient le nom de Dieu vont et viennent sans mérites.

Celui qui n'approche pas le Maître se noie dans les tourbillons du désir.

Précieux est le joyau du mental, mais regardez comme il est confondu avec du cuivre !

Sages et satisfaits (contentement) sont ceux qui plaisent au Maître ; avec son aide c'est sans peine qu'ils traversent l'océan de l'existence matérielle, trouvant ainsi honneur à la cour du Seigneur.

Nanak dit: «Leur réputation est sans taches et c'est la mélodie du Chant éternel qui berce leur mental.»

******

Mon cher ami, écoute attentivement ce conseil :

cherche l'union avec ton Seigneur.

Le temps est maintenant propice. 

Le corps reste en activité aussi longtemps que l'on respire, conservant ainsi toute sa fraîcheur. 

Vaine est une vie qui s'achève sans qu'aucun mérite ne soit gagné ;

la poussière retourne à la poussière.

O mon mental, efforce-toi d'amasser quelques gains avant de retourner à la Demeure éternelle.

Avec la grâce de Dieu, chante les louanges de Son Verbe saint et éteins le feu qui te consume.

Nous écoutons toutes sortes de paroles avant de les répéter à notre tour ;

nous connaissons de nombreuses lectures et pouvons même avoir le don pour l'écriture.

Nous assimilons une quantité énorme de savoir mais ainsi, nuit et jour, augmente en nous la soif des désirs et nous sommes sans cesse tourmentés par l'aiguille de la vanité.

 Lui, l'insouciant, dont la nature est impénétrable, peut seulement être révélé par la sagesse du Maître.

 Toute notre habileté et intelligence pour Le trouver ne sont d'aucune aide, pas plus que notre amitié nouée avec des miriades d'hommes.

Si tu ne goûtes pas à la saveur de la congrégation des Saints, jamais ta soif ne pourra être étanchée;

si tu ne t'accordes pas aux mélodies du Chant éternel, tes peines et tes douleurs te réduiront en cendres.

O mon âme, médite sur le Seigneur et réalise par toi-même la gloire du salut.

J'ai vendu mon corps et mon âme au Maître et ainsi, Celui que nous recherchons avec tant d'espoir dans l'immensité des trois mondes m'a enfin dévoilé Sa présence.

Oui, Nanak, la possibilité d'atteindre à l'union avec le Seigneur nous est offerte par le Maître.

******

C'est dans cet étang (le monde) que l'homme patauge,

cette mare dans laquelle le Seigneur a versé l'eau de feu (les désirs) et jeté la fange de l'attachement qui enlise le pied.

Combien, ô combien j'en ai aperçus qui étaient séduits (par l'étang).

 N'as-tu pas remarqué, ô ignorant, que c'est en L'abandonnant que tes vertus se sont fanées ?

Nanak dit: «0 Seigneur, l'ignorant et misérable que je suis n'a à son compte ni chasteté, ni vérité, ni sagesse. C'est donc humblement que je recherche le refuge où s'abritent ceux qui ne t oublient pas.»

 

Extraits de : Guru Nanak Le messager de l'Unité par Gérard Bossy (Ed. L'or du temps) 1991

 

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