MAITRE CONTEMPORAIN
LEE LOZOWICK
(Brooklyn,
1943) Ascèse, ashram, et rock'n roll
Né
à Brooklyn (New York) le 18 novembre 1943, Mr. Lee fut découvert par Yvan Amar et révélé par
Gilles Farcet dans son livre L'homme se lève à l'Ouest. Lee Lozowick a grandi au sein d'une
famille unie et chaleureuse où l'on échangeait des propos intelligents et tout en finesse. Très
marqué par son père, Louis Lozowick (un artiste peintre dont le Metropolitan de New York possède
plusieurs toiles), Lee le dépeint volontiers comme un homme très sage et spirituel bien qu'il ne fût
affilié à aucune Église, ni ne se réclamât d'un quelconque credo ou système. Un jour où le
jeune Lee interpellait son père à propos du divin et ce qu'il pensait de Dieu, son père lui répondit
: « En ce domaine, c'est à chacun d'en arriver à ses propres conclusions. » Il refusa de lui
dire quelles étaient ses convictions. Mais peu à peu, avec l'âge et la maturité, Lee va percer
à jour la profondeur de la vie spirituelle de son père, en l'observant et en le regardant vivre.
Après
un bref cursus universitaire pour devenir ingénieur chimiste, Lee Lozowick opte pour des études
commerciales. Diplômé, il n'utilisera jamais ses compétences sur le marché du travail, hormis
pour vendre des timbres de collection. Vers l'âge de 20 ans, il s'intéresse passionnément à un
cours de développement personnel appelé le silva mind control. Fort de cet apprentissage, il
s'engage véritablement pour étudier cette méthode et part suivre une formation au Texas, avant de
revenir l'enseigner dans le New Jersey. Après plusieurs années d'enseignement de cette technique
et après réflexion, il décide de l'interrompre car il en perçoit non seulement les avantages
mais aussi les limites.
En
juillet 1975, Lee Lozowick était un homme d'affaires prospère, d'une trentaine d'années, habitant
dans le New Jersey, où il poursuivait une vie spirituelle et enseignait la méditation. Un matin,
après une nuit extraordinaire et profonde de prière invocatrice, il s'éveilla pour se découvrir
dans une condition qu'un certain nombre de traditions spirituelles appellent « éveil » ou « réalisation
» au sens mystique et traditionnel du terme. Il prend alors conscience au-delà des illusions de la
véritable nature du réel. II découvre un état de conscience inchangé. Non seulement il se
maintient, mais il se développe. À ce sujet, Mr. Lee s'accorde volontiers pour dire qu'il n'y a
pas de limites au développement de cet état de conscience et qu'en fait l'éveil constitue le début
de la véritable évolution humaine. Après cette transformation intérieure radicale, des élèves
qui avaient étudié la méditation avec lui depuis un certain temps se regroupèrent autour de lui
et devinrent ses premiers disciples. La Hohm community venait de voir le jour, mais ce n'est qu'en
1980 qu'elle s'implante, au nord du désert de Sonoran, prés de Prescott en Arizona.
C'est
en 1970 qu'il rencontre, en Inde, celui qu'il désigne comme son maître spirituel : Yogi
Ramsuratkhumar (voir bibliographie). Au début, celui-ci ne semble pas attacher le moindre intérêt
à recevoir ce jeune américain, très déterminé, qui fait le pied de grue devant sa porte. Ce
n'est qu'en 1976 qu'il accueillera Lee à bras ouverts, le faisant s'asseoir à côté de lui en
permanence durant son séjour, en signe de bénédiction et de reconnaissance.
Lee
Lozowick utilise tous les aspects de la vie, du rock'n roll au théâtre et à l'art en passant par
une éducation consciente des enfants, une pratique régulière de la méditation et un régime
alimentaire végétarien, les considérant comme les éléments vitaux d'une discipline spirituelle.
Lee travaille avec ses élèves dans les détails les plus courants de l'environnement de la
communauté afin de créer une culture capable d'exprimer une certaine maturité de vie spirituelle,
une relation objective avec les choses et les événements et une adoration du divin pouvant se
manifester librement dans les dimensions quotidiennes de la vie ordinaire. Dans cet état d'esprit,
il créa en 1967 un groupe professionnel de musique rock, Liars, gods and beggars (menteurs,
dieux et mendiants), qui donne des concerts aussi bien aux ÉtatsUnis qu'en Europe.
Parce
qu'il souligne à quel point il est important de pratiquer et de s'abandonner à la volonté de
Dieu, Mr. Lee s'est gagné la réputation internationale d'être un maître capable de dénoncer à
la perfection le mythe du New Age, si populaire en Occident, qui vante l'illumination facile et
rapide. Selon lui, elle n'a aucune valeur contrairement à cette transformation spirituelle radicale
et absolue de l'individu qui ne devient possible que lorsqu'il vit dans un contexte de référence
à Dieu et non plus dans un contexte de référence à soi.
Depuis
1980, la Communauté du Hohm s'est étendue au-delà de l'ashram de l'Arizona dans un certain nombre
de centres aux États-Unis, en Allemagne, en Inde et en France, à Anglès-sur-l'Anglin, près de
Poitiers.
Chaque
année, Mr. Lee se rend en Europe, à l'invitation de ses disciples allemands et à celles d'Yvan
Amar et d'Arnaud Desjardins.
Bibliographie
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Lee
Lozowick, L'alchimie du réel, Les éditions du Relié, 1993. |
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Gilles
Farcet a consacré tout un chapitre à Mr. Lee dans son livre L'homme se lève à l'Ouest,
Albin Michel, Paris, 1992. |
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Facets
of diamond, texte français, Hohm Press, PO Box 2501, Prescott, AZ 86302, 1994. |
Texte de Lee Lozowick
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L'acceptation : |
Certains
d'entre vous pensent certainement qu'ils acceptent ce qui est parce qu'ils ne peuvent le nier,
mais ils ne l'acceptent pas pour autant. Dans votre mental, vous dites : j'accepte ce qui est,
oui, oui, oui, mais je ne veux pas que ce soit comme ça, je voudrais que ce soit autrement. Par
exemple : je fais tel métier, je gagne tant d'argent et j'habite dans telle maison, c'est ce
qui est et je (accepte pleinement mais je n'aime pas ce travail, j'aimerais gagner plus
d'argent, je n'aime pas cette maison, j'aimerais vivre ailleurs. Cela, c'est voir ce qui est
mais ce n'est pas (accepter. Je peux tenter de modifier la situation mais, pour l'instant, ici
et maintenant, c'est ainsi. Un aspect de l'acceptation, c'est l'absence de plaintes, l'absence
de jugements. Voyez par vous-mêmes : au fur et à mesure que nous vieillissons, des petites
douleurs commencent à apparaître, le dos devient moins souple, on entend ou on voit moins
bien. Souvent, tout cela est incontournable et nous pensons que, simplement parce que nous
admettons qu'on ne peut rien y faire, nous (acceptons. Extérieurement, nous disons: « Tout le
monde vieillit, c'est comme ça » mais, en fait, nous sommes furieux, nous détestons ces
handicaps, alors que (acceptation de ce qui est, tel que c'est, sous-entend par définition l'équanimité.
Cela ne veut pas dire qu'on ne puisse pas changer les choses mais que, les choses étant ce
qu'elles sont, nous les acceptons et que, si elles changent pour le meilleur ou pour le pire,
nous l'acceptons aussi. Il y a donc une distinction très importante entre percevoir ce qui est
et accepter ce qui est.
Extraits de Oui et alors ? de Lee Lozowick, ed. La table ronde, p.43
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La vie |
La
vie prend certains détours. La vie est bien plus vaste que nous et c'est vraiment dans l’ordre
des choses que d'accepter l’inévitable. Je ne parle pas de l’inévitable dans l'avenir mais de
l'inévitable maintenant. L'avenir, nous ne le connaissons pas et parler d'inévitable quand il
s'agit de l’avenir, c'est vraiment pure imagination. Le futur
n'est prévisible que dans la mesure où nous ne sommes pas prêts à accepter le moment présent.
Pour la plupart d'entre nous, l'avenir est inévitable parce que notre passé a défini notre
existence et que nous ne faisons rien par rapport à cela. Si notre névrose est une névrose d'échec,
nous pouvons être certains que nous allons échouer dans l'avenir. Tant que nous sommes dans le déni,
tant que nous résistons, que nous réagissons au lieu d'accepter ce qui est, le futur est extrêmement
prévisible : la même chose va se répéter encore et encore. Notre existence peut changer mais
notre réaction va être la même à chaque fois où que nous soyons. Vous avez déménagé après
avoir vécu à l'étranger mais il est probable que vous auriez rencontré là-bas les mêmes
difficultés que celles que vous rencontrez en France et que vous auriez réagi de la même façon.
Ce qui peut tout changer, c'est la manière d'accepter les choses telles qu'elles sont parce
qu'alors l'avenir n'existe pas. Même l'instant suivant n'existe pas : quand l'instant suivant
vient, il est toujours maintenant. Dans cette optique, tout est possible et le vieux scénario prévisible
ne se répète pas. Arrêtez de prétendre que vous êtes plus grand(e) que la vie et cessez d'être
frustré(e) parce que la vie ne suit pas vos ordres.
Parfois on a fait tout ce qu'il fallait faire et néanmoins la vie ne répond pas. Ce n'est pas la peine de se demander si on s'y est mal pris car là n'est pas la question. On peut avoir fait tout le nécessaire mais peut-être n'était ce pas le moment opportun ou y a-t-il une cause que nous ignorons. Travaillez donc avec votre existence telle qu'elle est. Souvent, c'est l'attente elle-même qui éloigne la réalisation. Si vous vous contentez d'être un avec ce qui est, avant même de vous en apercevoir vous aurez déjà obtenu ce que vous vouliez depuis toujours. C'est comme si, dès que vous arrêtez de tendre vers quelque chose, cette chose vers laquelle vous tendiez vous tombe dans le giron.
Extraits de Oui et alors ? de Lee Lozowick, ed. La table ronde, p.173
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La pratique |
Quelle importance cela a-t-il de savoir pourquoi ces larmes coulent ? La formule de la pratique, ce n'est pas « acceptez ce qui est tel que c'est, à partir du moment où vous savez pourquoi c'est ainsi ». La pratique, c'est simplement « acceptez », que vous sachiez pourquoi ou pas. Vous n'avez pas à comprendre pourquoi les choses sont comme elles sont ou d'où cela peut bien venir. Si cela se révèle, très bien et, si cela ne se révèle pas, peu importe, ça ne change rien à l'acceptation. Le mental veut toujours chercher, découvrir, trouver des raisons, il veut du rationnel, du linéaire mais la vie n'est pas tout le temps rationnelle ou linéaire. Le centre de la pratique, c'est l'acceptation. « Ce qui est » n'a pas de définition, c'est simplement ce qui est.
Extraits de Oui et alors ? de Lee Lozowick, ed. La table ronde, p.176
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