QUELQUES POEMES D'ANDRE DU BOUCHET
Dans la chaleur vacante
- Extinction
Le noeud du souffle qui rejoint,
plus haut, l'air lié,
et perdu.
Ce lit dispersé avec le torrent,
plus haut, par ce
souffle.
Pour nous rêver torrent, ou inviter le froid, à
travers
tout lieu habité.
De la montagne, ce souffle, peut-être, au début du
jour.
L'air perdu m'éblouit, se fermant sur mon pas.
- Loin du
souffle
M'étant heurté, sans l'avoir reconnu, à l'air,
je sais, maintenant, descendre vers le jour.
Comme une voix, qui, sur ses lèvres même,
assécherait l'éclat.
Les tenailles de cette étendue,
perdue pour nous,
mais jusqu 'ici.
J'accède à
ce sol qui ne parvient pas à notre
bouche, le sol
qui étreint la rosée.
Ce que je
foule ne se déplace pas,
l'étendue
grandit.
- Cession
Le vent,
dans les terres sans eau de l'été, nous
quitte sur une lame,
ce qui subsiste du ciel.
En plusieurs fractures, la terre se précise. La terre
demeure stable dans le souffle qui nous
dénude.
Ici, dans le monde immobile et bleu, j'ai presque
atteint
ce mur. Le
fond du jour est encore devant nous. Le
fond embrasé de la terre. Le fond et la surface du
front,
aplani par le même souffle,
ce froid.
Je me recompose au pied de la façade comme l'air
bleu au pied des labours.
Rien ne désaltère mon pas.
Accueil |
Pour rejoindre ces poètes :
Jules Supervielle / Colette / Pierre Dhainaut / Roberto Juarroz / Eugène Guillevic