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MAITRE MUSULMAN

 

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Ibn Arabi

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Textes de Ibn Arabi 

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IBN ARABI

IBN 'ARABI (Muhyï al-Dïn Abu 'Abd-Allah Muhammad ibn 'Ali ibn

Muhammad al-Hatimï). • Philosophe, théosophe et mystique musulman (Murcie, 1165-Damas, 1241). Reconnu dans la tradition soufie (Voir Soufisme) comme le plus grand Maître (ash-Shaykh al-Akbar). Ibn 'Arabi est un moniste intégral qui théorise l'Unicité de l'Être. Panthéiste, il reconnaît à travers son expérience 1e visage de Dieu, l'empreinte divine en toute forme et en toute image. Le monde s'offre à l'homme comme la célébration perpétuelle de la Présence divine. Sans chercher à attenter à la Loi islamique, réfutant la posture de révolte d'un Hallàj, ce supplicié de l'Islam, Ibn 'Arabi admet cependant l'équivalence de toutes les croyances religieuses. La variété des doctrines, la multiplicité des Lois, la spécificité des rituels ne constituent que des formalisations particulières destinées à verbaliser l'ardeur divine qui habite l'homme. Situant l'expérience religieuse en dehors de la mesure morale, en dehors du partage entre le châtiment et la récompense, amené de ce fait à nier l'existence des Enfers comme séjour, sinon provisoire, considérant que le Paradis accueillera, pour l'éternité. tout être, Ibn 'Arabi fut souvent combattu par les théologiens sunnites, notamment le Syrien Ibn Tay-miyya (XIIIè s.). 

Doué d'une énergie spirituelle exceptionnelle, il se donne la capacité de convoquer les Prophètes lors des « présencesimaginales». Réfutant l'accusation d'hérésie, Ibn 'Arabi se considère néanmoins l'équivalent des Envoyés de Dieu tout en admettant que la Loi est parachevée pat Muhammad, le sceau des Prophètes. Si l'homme ne peut plus être dépositaire d'une Loi nouvelle, il peut toutefois retrouver la même proximité avec Dieu. Outre des accents et références néoplatoniciens, la méthode d'Ibn 'Arabi présente des recoupements avec le taoïsme, surtout dans sa théorisation du coït cosmique, de la solidarité des pôles féminin et masculin ainsi que de l'union des contraires appliquée à la grande question divine, vacillant entre l'anthropomorphisme et la transcendance pure. Ibn 'Arabi considère que chacune de ces deux postures, l'interdit de représentation ainsi que la légitimité idôlatrique, mérite d'être expérimentée selon ses normes et ses exigences propres. D'ailleurs ce genre d'expérimentation, ontologique et esthétique, de l'expression divine, est rapportée dans son divan, « L'interprète des ardents désirs» (Turjumàn al-ashwàq). L'auteur y intériorise aussi bien des figures bibliques ou christiques que coraniques. Ces poèmes sont inspirés par une femme persane rencontrée à La Mecque, sorte de préfiguration de Béatrice. Tandis que ses Fuçùs al-Hikam (Les Gemmes de la Sagesse) analysent, dans une langue elliptique, tremblante, superbe, les diverses expériences éprouvées par les Prophètes par le truchement du Verbe. Cette démarche, soumise à une lecture très hardie et personnelle du Coran, est un prétexte pour élaborer une théorie sophistiquée concernant la scène de la représentation : vision, forme, image, signe, imagination, tels sont les concepts majeurs ici éclairés. Quant à ses vastes Futùhàt Makkiyya (Conquêtes Spirituelles), elles constituent la plus complète somme encyclopédique du soufisme ; c'est une oeuvre polymorphe où sont exposés les termes techniques destinés à rapporter l'expérience, le symbolisme des rituels islamiques, des fragments d'autobiographie spirituelle, une vision eschatologique qui aurait inspiré les milieux ésotériques du christianisme occidental, des paysages métaphysiques propres à abriter la hiérarchie créatrice, des notations psychiques d'une tranchante vérité... Ibn 'Arabi a été admirablement illustré par les lyriques persans. Sa théorie constitue une des composantes du syncrétisme propre à l'école métaphysique de Perse. Il a inspiré maints glossateurs arabes dont l'émir algérien 'Abd al-Qadir qui fut son premier éditeur. En France, Guénon en fut l'admirateur, le commentateur, le disciple, et Henri Corbin, l'attentif vulgarisateur.

 

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Texte de IBN ARABI

 

Conseils pour tenter d'apprivoiser la sagesse

« Ô mon ami, considère les désirs de ton âme et vois quel est leur statut au regard de la Loi. Si celle-ci te prescrit de les accomplir, alors accomplis-les. Si en revanche elle te prescrit de n'en rien faire, alors renonce. Si néanmoins, après t'être interrogé et avoir constaté que, du point de vue légal, il faut t'abstenir, si donc ton désir l'emporte et que tu passes outre, je suis convaincu que sur ce point tu es en tort mais que, cependant, tu seras récompensé pour différentes raisons : parce que tu t'es interrogé sur le statut légal en la matière avant d'accomplir ton acte: parce que ta croyance en la Loi a été assez forte pour que tu te demandes quelle est sa position sur cette question ; parce que tu as eu la conviction, après avoir su que la chose était interdite, qu'il fallait la rejeter: parce que tu t'es appuyé sur le fait qu'Allah est Pardonnant et très Miséricordieux, qu'Il efface les péchés et pardonne les offenses, et que tu as donc eu en l'occurrence une bonne opinion de Dieu ; et aussi parce que tu n'avais pas pour but de transgresser les interdits divins : enfin parce que tu étais convaincu d'avance de ce que te fixaient la prédestination et le décret divin quant à l'accomplissement de cette affaire, comme c'était également le cas dans l'histoire d'Ève avec Adam.

Telles sont les nombreuses raisons pour lesquelles tu seras récompensé en dépit de ta désobéissance car tu n'es coupable que d'un seul point de vue : avoir accompli cet acte qui n'était qu'un désir de l'âme. À ses différentes raisons s'ajoute encore le fait que cet acte t'a affligé car, ainsi que le dit l'Envoyé de Dieu

"le croyant, c'est celui que sa bonne action réjouit, et qu'afflige sa mauvaise action..." »

Profession de foi

« Celui qui marchait dans les ténèbres des nuits observa les étoiles et alluma la lampe. Jusqu'au moment où, la pleine lune dirigeant sa lumière, il délaissa les étoiles et attendit d'être au matin. Jusqu'au moment où, l'obscurité s'étant entièrement dissipée et ayant vu l'aurore briller à l'horizon. II délaissa les lampes, toutes les étoiles et la pleine lune, et guetta la lumière éclatante. »

 Profession de foi

 Extraits de Le livre des sagesses d’Orient par Gilbert Sinoué, Ed. Le Club, 2000.

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