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ART RELIGIEUX

LES REPRESENTATIONS PICTURALES DE LA VIERGE MARIE

DES ORIGINES A NOS JOURS  

 

L'ART PICTURAL AU MOYEN AGE AVANT L'EPOQUE GOTHIQUE 

DU VIII ème AU XII ème siècle 

 

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LES REPRESENTATIONS PICTURALES DE LA VIERGE MARIE

I - L’ART BYZANTIN : LES ICONES (à partir du IVème siècle après Jésus-Christ)

      II - L’ART ROMAN (du Xème au XIIème siècle)

III - L’ART GOTHIQUE (du  XIIème au XVème siècle)

IV - L’ART DE LA RENAISSANCE (fin XVème-XVIème siècle)

V - L’ART BAROQUE (première moitié du XVIIème siècle)

VI - L’ART CLASSIQUE (deuxième moitié du XVIIème siècle)

VII - L’ART ROMANTIQUE (première moitié du XIXème siècle)

VIII - L’ART MODERNE (XXème siècle)

 

 

I - L’ART BYZANTIN : LES ICONES (à partir du IVème siècle après Jésus-Christ) :  

 

Art byzantin (fin XVIème siècle) : icône de Vladimir : La Vierge de pitié.

Les icônes sont des images religieuses représentant généralement le Christ, la Vierge ou les saints. Ces images respectent des règles strictes car elles ont une vocation religieuse et non esthétique : elles doivent rendre présents à celui qui médite devant elles, d’une manière sensible, le Christ et les figures saintes qui gravitent autour de lui. Elles doivent donc exprimer la vérité de Dieu. C’est pourquoi on a pu reprocher aux artistes auteurs des icônes un manque de créativité. En réalité, c’est simplement que leur objectif était différent de ceux de l’artiste tel qu’on le conçoit habituellement.

Selon ces règles précises, ces canons, la Vierge Marie, comme les autres personnages que l’on a cités, porte une auréole dorée, l’or symbolisant la lumière divine ; son portrait est moins réaliste que symbolique ; c’est pourquoi ses postures sont plutôt rigides, les traits du visage sont stylisés, peu expressifs. Le décor qui parfois se trouve derrière elle est très succinct et purement symbolique, souvent inexistant : il est dans ce cas remplacé par un fond doré, uniforme, caractérisé par la planéité ; la réalité présentée est celle qui apparaît au regard de Dieu : l’artiste n’a donc pas besoin de se soumettre aux contraintes de la perspective humaine. Quand l’artiste se préoccupe de perspective, il la représente au pluriel, c’est-à-dire que les perspectives sont simultanées (un édifice, par exemple, peut être vu à la fois de l’intérieur et de l’extérieur).

Par rapport aux autres figures saintes, ses traits distinctifs sont les suivants :

1)      Sa robe et son manteau portent les couleurs inversées du vêtement du Christ : alors que celui-ci est vêtu d’une robe pourpre et d’un manteau bleu, Marie, descendante d’Adam, porte toujours une robe bleue, couleur de la création, et un manteau pourpre, couleur de la divinité et de la royauté, puisque Dieu l’a choisie pour être Mère du Roi du monde.

2)      Par ailleurs, les trois étoiles qui ornent le front et les épaules de la Vierge reproduisent un signe syriaque de virginité (ce signe était brodé sur le voile nuptial des princesses).

3)      Enfin, la Vierge est toujours représentée avec le Christ ou dans une composition qui évoque le Christ car l’icône de la Vierge traduit le mystère de l’Incarnation. Marie est la nouvelle Eve, la créature divinisée, en fait l’Eglise elle-même, qui réalise en elle la ressemblance à l’image divine.

Cependant, La Vierge peut être représentée de trois façons différentes :

1)      La Vierge de pitié (cf. illustration) : elle représente l’Enfant et sa mère tendrement enlacés. Cette posture correspondrait au moment où le Christ révèle à sa mère le mystère de sa mort et de la résurrection. On lit alors sur le visage de la mère la douleur, l’amour et l’acceptation sereine de la volonté divine.

2)      La Vierge qui indique la voie : Marie porte l’Enfant sur le bras et le désigne de la main comme étant la voie, la vérité et la vie. Cette image est particulièrement solennelle et majestueuse. L’Enfant, lui, porte le rouleau de la Loi dans une main et lève l’autre en signe de bénédiction.

3)      La Vierge orante : Marie est en prière, apparaissant de face, les bras levés vers le ciel. Son regard est tourné vers les fidèles et les invite à s’en remettre au Christ auprès duquel elle intercède pour l’humanité. Elle est parfois aussi appelée Vierge du Signe parce qu’elle porte  sur la poitrine un médaillon qui représente le Christ Emmanuel, le sauveur avant l’Incarnation. Cette représentation est issue de l’Ancien Testament, plus précisément d’une prophétie d’Isaïe qui dit ceci : « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : voici ; la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. »   

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II - L’ART ROMAN (du Xème au XIIème siècle) :  

 

Art roman : statue de la Vierge de l’église d’Orcival (Puy-de-dôme).

 

Dans le christianisme non orthodoxe, un léger tournant s’amorce à partir du Xème siècle en direction d’un certain naturalisme ; en fait, c’est plutôt un retour en arrière : avec l’art roman, on se tourne vers les modèles romains du passé antique, remarquables par leur réalisme ; les artistes cherchent par exemple à représenter le drapé souple du manteau de la Vierge ou l’esquisse d’un relief.

Néanmoins, la tendance générale reste le primat accordé à la fonction religieuse de l’art : l’artiste doit continuer à représenter l’univers céleste et divin du Christ et des figures saintes. L’usage de la couleur dorée reste prédominant. On note toujours une quasi absence de perspective spatiale. L’auréole est de rigueur sur la tête de Marie, comme sur celle du Christ et des saints. La Vierge elle-même est représentée de manière stylisée.

Dans la statuaire, on observe par exemple dans les vierges romanes d’Auvergne une grande austérité, une impassibilité des traits du visage ; la Vierge se tient assise, très droite et raide, avec, sur les genoux, son Fils qui présente une posture identique à la sienne.

 

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III - L’ART GOTHIQUE (du  XIIème au XVème siècle) :   

 

 Art gothique (1ère moitié du XVème siècle) : « La Fuite en Egypte », retable provenant de l’église Santa Maria de Verdu, musée épiscopal de Vich, en Espagne.

 

C’est à cette époque que se situe le véritable tournant : une vraie révolution est à l’oeuvre dans la représentation de Marie et des saints, aussi bien dans la peinture (on est passé de l’icône à  l’enluminure, puis à la peinture à l’huile) que dans la statuaire : le réalisme devient chez l’artiste un souci de plus en plus net.

Est d’abord abandonnée la posture rigide observée à plusieurs reprises, au profit de la ligne sinueuse, l’arabesque. Cela signifie que le souci jusque là purement religieux de l’artiste devient esthétique : les drapés des vêtements de la Vierge sont très raffinés et courbes, le corps lui-même s’assouplit ; c’est particulièrement flagrant dans le cas des statues de vierges gothiques.

De plus, le corps de Marie, comme celui de l’Enfant qu’elle tient, acquiert une consistance, un poids ; il ne flotte plus de manière éthérée dans la lumière dorée de Dieu ; il est bien assis sur le trône, il paraît plus dense, plus charnel. Par la suite, la Vierge voit varier ses postures et sa situation dans l’espace : elle peut aussi bien se trouver dans l’étable de Bethléem que dans la maison d’un particulier, debout, assise ou couchée.

Le visage subit également une modification importante : les traits s’individualisent et deviennent plus expressifs. Une émotion bien humaine apparaît, qu’elle soit tendre ou douloureuse. Quant à l’auréole, elle devient plus mince, parfois remplacée par de fins rayons.

Derrière Marie, on voit apparaître des décors de plus en plus riches, souvent architecturaux : les édifices gothiques de l’époque et leurs croisées d’ogive sont représentées avec force détails. Le fond doré disparaît pour laisser se dessiner un début de perspective spatiale.

Les thèmes changent aussi : à la représentation d’une reine sur son trône s’est substituée celle de la Nativité, florissante à l’époque. Marie est désormais une femme bien humaine, qui vient d’accoucher.

Les occupations de Marie ont également changé : elle n’est plus seulement là pour glorifier la divinité de son Fils ; c’est aussi et avant tout une mère, qui allaite, fait parfois la toilette de son enfant, activité banale et profane de la vie courante de toute mère. On la représente volontiers couchée, dans sa position de femme qui vient d’accoucher. La solennité jusque là de rigueur s’estompe peu à peu.

Autre détail d’importance : l’artiste commence à signer ses oeuvres ; c’est dire qu’il n’est plus exclusivement au service de l’Eglise mais qu’il commence à pouvoir revendiquer ses propres aspirations esthétiques. L’un des plus grands artistes gothiques est le très célèbre Giotto, peintre italien du XIVème siècle. Avec lui, la Vierge Marie devient nettement plus massive, plus charnelle.

Le XVème voit culminer toute cette tendance, aussi bien en Italie qu’en Flandre : les peintres placent désormais la Vierge dans un paysage minutieusement dessiné ; c’est l’âge d’or des peintres flamands (Van Eyck, Van den Weyden, Robert Campin…) ! La perspective nous vient des peintres italiens qui la maîtrisent d’ailleurs avant le XVème siècle ; les flamands tâtonnent davantage avant de la dompter grâce notamment à Petrus Christus. L’auréole disparaît : Marie se présente dorénavant presque comme une femme ordinaire ! L’appartenance à l’époque médiévale demeure toutefois par la présence de nombreux symboles : par exemple, dans la Nativité de Van der Goes, les épis de blé au premier plan symbolisent l’eucharistie.   

 

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IV - L’ART DE LA RENAISSANCE (fin XVème-XVIème siècle) :

 

     Art de la Renaissance (début du XVIème siècle) : Giovanni Bellini, La Vierge et l’Enfant. 

 

Un autre tournant se dessine, avec l’apparition du mouvement humaniste : l’homme est résolument au centre de l’univers :

C’est le monde terrestre, matériel, et non plus céleste et divin qui est représenté. (Ce que l’époque gothique avait modifié se confirme et devient plus radical.) L’importance accordée à Dieu diminue de ce fait ; la découverte de l’héliocentrisme par Copernic n’est pas étrangère à ce phénomène : la Terre créée par Dieu n’est plus au centre de l’univers. On assiste à l’arrière-plan à l’apparition de véritables paysages bien terrestres, dépourvus de symbolisme. C’est la réalité pour elle-même qui est représentée. Il faut rappeler qu’à cette époque, les voyages se développent : on découvre le globe terrestre.

L’homme se sent excentré et en même temps il découvre les immenses possibilités que lui offrent ses facultés de connaissance. La Vierge Marie est à présent montrée comme une femme sans auréole ; le protestantisme naissant y est aussi sans doute pour quelque chose ! Dans certains tableaux (ceux de Pierre Brueghel l’Ancien, notamment), on a bien du mal à la distinguer du commun des mortels. Son visage est souvent très expressif : il exprime volontiers la tendresse.

Par ailleurs, on retourne aux textes antiques, on se réfère aux modèles artistiques de l’Antiquité, où les corps minutieusement dessinés sont particulièrement mis en valeur et idéalisés pour incarner une forme de perfection où règnent la symétrie et l’harmonie, ce qui était moins le cas à l’époque gothique. C’est particulièrement le cas des peintres italiens du début du XVIème siècle : Léonard de Vinci et Raphaël.

 

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V - L’ART BAROQUE (première moitié du XVIIème siècle) :

 

  Art baroque (début XVIIème siècle) : Pierre Paul Rubens, L’Adoration des Mages.

 

L’art baroque prolonge cette tendance tout en la modifiant :

D’une part, on continue à se référer à l’Antiquité et à privilégier les détails matériels et corporels.

Mais d’autre part, les corps s’arrondissent et l’idéal de mesure et d’harmonie disparaît : la Vierge présente désormais des formes plantureuses, selon les canons esthétiques de l’époque. Les couleurs de ses vêtements et du paysage à l’arrière-plan sont très vives, voire violentes. La ligne courbe triomphe plus encore qu’à l’époque gothique. Les scènes de Nativité se font plus rares car les sujets religieux ne sont plus dominants et elles foisonnent de détails. C’est aussi l’époque où l’on privilégie les effets de clair-obscur. Pierre Paul Rubens est le grand maître de cette époque.  

En outre, il ne faut pas oublier que l'art baroque traite le monde à la manière d'un théâtre où règne l'illusion des apparences. Est donc suggérée la possibilité d'un autre monde ou d'une vision du monde différente de celle dans laquelle nos cinq sens nous emprisonnent. On assiste par là même à un retour d'un certain sens religieux (en même temps que celui du catholicisme).

 

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VI - L’ART CLASSIQUE (deuxième moitié du XVIIème siècle) : 

 Art classique (milieu du XVIIème siècle, 1648) : Nicolas Poussin, La Sainte Famille.

Avec le classicisme, on revient aux lignes harmonieuses et à l’idéal de la Renaissance. Les sujets religieux sont de plus en plus rares ! Descartes et son rationalisme, entre autres, est passé par là… Quand Nicolas Poussin ou Claude Lorrain peignent des sujets religieux où figure la Vierge Marie, les personnages sont un peu  perdus dans le paysage qui prend de plus en plus d’importance, notamment chez Lorrain.

 

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VII - L’ART ROMANTIQUE (première moitié du XIXème siècle) :

 

Avec le Romantisme, on assiste à  un retour du sentiment religieux et des références au Moyen Age gothique. Cependant, ce sentiment religieux est assez diffus. On ne représente plus guère la Vierge Marie ni les scènes traditionnelles liées à la figure du Christ. On pourra dire la même chose du mouvement  pré-raphaëlite ou symboliste de la fin du XIXème siècle.

 

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VIII - L’ART MODERNE (XXème siècle) :

  Art moderne (XXème siècle, 1995) : John Scarland, Mère et enfant.

 

Curieusement, c’est au XXème siècle, le siècle athée par excellence, que l’on voit de nouveau représentée la Vierge Marie :

C’est qu’en fait l’athéisme assez radical qui apparaît crée un vide spirituel qui appelle un renouveau : des peintres chrétiens comme Chagall ou Rouault, plutôt liés au mouvement expressionniste (couleurs violentes, refus du réalisme), et même des peintres agnostiques comme Matisse, n’hésitent pas à représenter la mère de Dieu. A leur manière propre, évidemment… La subjectivité est de rigueur. Nous sommes très loin des canons stricts de l’art byzantin !

On  peut aussi penser que le refus du réalisme qui est caractéristique, si l’on accepte de schématiser, de l’art moderne, conduit parfois à rechercher l’inspiration dans les oeuvres qui refusaient ou ne maîtrisaient pas la perspective (les enluminures médiévales de l’époque romane, par exemple) : c’est ainsi que certains tableaux non religieux de Matisse, à la fin de sa vie, s’inspirent étrangement de l’Apocalypse de Saint-Sever. La peinture médiévale religieuse exerce donc un attrait important sur l’art moderne.

On constate par ailleurs, à la fin du XXème siècle et au début du XXIème siècle, un intérêt certain pour les icônes, où la Vierge Marie a toujours bénéficié d’une place de choix ! 

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L'ART PICTURAL AU MOYEN AGE AVANT L'EPOQUE GOTHIQUE

apocalypse de Saint Sever, XIème siècle

 

L'enluminure, forme essentielle de l'art pictural au Moyen Age : L'enluminure est une technique d'ornementation, destinée à illustrer et « illuminer » (à l'aide des couleurs dorée et argentée) les textes de livres entiers, comme la Bible, les livres liturgiques, les Apocalypses, les vies de saints, les livres d'histoire... L'enluminure intitulée L'Apocalypse de Saint Sever illustre par exemple un texte qui évoque l'Apocalypse, c'est-à-dire la fin du monde.

 I) Les formes :l'enluminure est influencée par l'art byzantin, qui se reconnaît à la stylisation qu'il fait subir aux formes : les visages sont hiératiques et peu expressifs, les attitudes sont figées et solennelles, les contours sont simplifiés. L'art roman, à partir du XIIème siècle, contrebalancera cet héritage en introduisant dans la peinture un peu de liberté et de réalisme mais cette stylisation reste l'aspect principal qui la différencie de l'époque suivante, appelée gothique (du XIIIème au XVème siècle). Le fond se caractérise par la planéité : il n'y a pas de perspective. Le décor, quand il existe, est très sommaire.

 2) Les couleurs : une feuille d'or recouvrait entièrement le fond des icônes byzantines, au Moyen Age, l'or, sous la forme d'une poudre ou d'une feuille, reste une couleur importante (pour les auréoles, par exemple). Les artistes disposent d'une vaste palette de couleurs, les plus utilisées (mis à part le doré) étant le rouge (avec ses diverses nuances) et le bleu (dont le plus cher et le plus apprécié est un bleu outremer issu du la pierre de lapis-lazuli.) Le vert et le jaune tiennent également une place importante.

 3) L'ornementation : la décoration occupe une grande place dans les enluminures : les lettres, les mots ou le texte qui y figurent sont faits d'entrelacs souvent compliqués. Au fur et à mesure que l'on progresse dans le temps, l'ornementation prend de plus en plus de place sur la page au détriment du texte. Parfois, l'enluminure devient presque une miniature (= petite peinture). La première lettre du texte peut servir de contour à une scène minutieusement peinte. Les artistes doivent respecter des règles strictes pour la miniature et le texte ; en revanche, ils peuvent laisser libre cours à leur imagination dans le bas de la page, en-dessous du texte : on y trouve une multitude de scènes amusantes, de créatures fantastiques et de monstres grotesques. (On constate aussi la présence de motifs de remplissage, comblant les blancs laissés par les lignes trop courtes, et qui offrent également aux artistes l'occasion d'exprimer pleinement leur créativité.) Les bords des pages sont décorés de diverses manières : cadres, guirlandes végétales...

 4) La place du texte : Le texte et la peinture sont intimement liés : le texte se trouve en dessous ou au dessus (ou les deux à la fois) de l'illustration principale mais souvent à l'intérieur de la bordure de la page et certains mots ou certaines phrases peuvent figurer dans l'illustration principale. (C'est pourquoi les enluminures nous font un peu penser aux bandes dessinées modernes.)

 Le contexte politique : Le système politique s'appelle le système féodal : chaque seigneur est servi par des vassaux qui lui doivent obéissance. Ces vassaux ont eux-mêmes des vassaux inférieurs à eux. Au sommet de cette pyramide se trouve le seigneur le plus puissant : le roi, qui est lui-même inférieur à Dieu. L'obéissance et la fidélité sont donc des valeurs morales importantes. Les oeuvres d'art transmettent souvent ces valeurs politiques.

 L'importance de la religion : L'un des messages que l'artiste veut transmettre est celui-ci : obéissez aux commandements de Dieu et vous serez récompensés en étant reçus au Paradis. Les oeuvres d'art doivent donc aussi donner beaucoup d'importance à Dieu : elles sont au service de la religion catholique et de l'Eglise qui la représente. C'est à cette époque que sont menés, pour convertir les païens en chrétiens, de grands combats : les Croisades. C'est pourquoi les oeuvres de cette époque nous parlent plus du Ciel (le Paradis ou l'Enfer) que du monde terrestre habité par les hommes: l'enluminure de L'Apocalypse de Saint-Sever nous montre en haut à gauche un personnage surnaturel : un ange qui annonce la fin des temps en soufflant dans sa trompe. A côté de lui on voit des étoiles. C'est donc le ciel qui est représenté. Au milieu, la partie dorée, au centre, symbolise la lumière de Dieu. Dans cette bande dorée et au-dessous, on aperçoit des flammes qui représentent sans doute l'enfer, en dessous se trouve une barque renversée et des hommes qui se noient : c'est la fin du monde de Dieu et la victoire du jugement de Dieu. On remarque aussi qu'il n'y a pas de perspective : tout paraît plat parce que le peintre n'a pas voulu représenter un paysage terrestre, réel ; ce qu'il veut montrer est un monde surnaturel où règnent Dieu, les anges et le diable.

 L'artiste : il est anonyme (il ne signe pas ses oeuvres). C'est souvent un moine. Il se considère donc plus comme un artisan que comme un artiste. Son art est au service de l'institution catholique. Il n'est pas rare que plusieurs artistes collaborent sur un même manuscrit.

 Le cas particulier de la Tapisserie de Bayeux (XIème siècle) : cette célèbre tapisserie n'est pas réellement une tapisserie mais une broderie de laine sur toile. Selon la légende, elle aurait été réalisée en Normandie par les dames de la cour et la reine Mathilde, épouse de Guillaume le Conquérant. En fait, la tapisserie avait été commandée par l'évêque Odon de Conteville, demi-frère de Guillaume, et fabriquée en Angleterre. Elle adopte le même style vif et incisif que les manuscrits enluminés anglais. Bande historiée à la gloire des Anglo-Saxons, la Tapisserie de Bayeux raconte avec sobriété l'histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands. C'est une très longue bande de toile bordée, dans le haut et le bas, de frises portant un commentaire sur les séquences du panneau principal. La bordure supérieure est ornée d'animaux décoratifs, presque héraldiques, et la frise inférieure est occupée par les représentations de soldats morts, de leurs armures et de leurs armes.

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