POEMES SOUFIS
MILLE ET UN JOURS
Un jour, un novice se présenta pour recevoir
l'enseignement d'un maître soufi.
« // te faut d'abord
trouver la réponse à une question, lui dit
l'un des disciples.
Si tu y parviens,
le maître t'acceptera comme élève dans trois
ans. »
La question lui fut posée et l'élève s'acharna jusqu'à ce qu'il eût
trouvé la réponse.
Le disciple du maître porta la réponse au soufi et revint avec ce
message :
« Ta réponse
est correcte.
Tu peux t'en
aller et attendre
que les mille
et un jours soient écoulés ;
ensuite, tu pourras revenir ici
pour recevoir l'Enseignement.
»
Le novice était ravi.
Après avoir remercié le messager, il lui
demanda :
« Et que serait-il
arrivé si je n avais pas su fournir
la bonne réponse ?
- « Oh, dans ce cas, tu aurais été admis
immédiatement ! »
Conte soufi
Dieu a caché la mer et
montré l'écume
il a
caché le vent et montré la poussière...
Comment la poussière pourrait-elle s'élever
d'elle-même ?.
Tu vois pourtant la poussière, et pas le vent.
Comment l'écume pourrait-elle sans la mer se
mouvoir?
Mais tu vois l'écume et pas la mer.
Djalàl Al-Din Rùmi
poète
mystique soufi (XIIème s.)
Quelqu'un m'a demandé
mon âge,
après avoir vu la
vieillesse grisonner sur mes tempes
et les boucles de mon
front.
Je lui ai répondu : une
heure.
Car en vérité je ne
compte pour rien
le temps que j'ai par
ailleurs vécu.
Il m'a dit : « Que
dites-vous là ? Expliquez-vous.
Voilà bien la chose la
plus émouvante. »
Je dis alors :
« Un jour, par
surprise, j'ai donné un baiser,
un baiser furtif, à
celle qui tient mon cœur.
Si nombreux que doivent
être mes jours,
je ne compterai que
ce court instant,
car il a été
vraiment toute ma vie. »
lbn
Hazm
écrivain andalou (Xè et XIè s.)
Le Collier de la colombe
«J'ai peur
de la mort»,
disaient les oiseaux.
«La mort
peut-elle exister
pour celui
dont le cœur est uni à Dieu ?»
répondait la huppe.
« Mon
cœur est uni à Lui,
ainsi le
temps et la mort n'existent plus pour
moi.
Car la
mort est la rupture du temps,
et le
temps naît de notre attachement
aux choses
qui périssent. »
Attâr,
Poète mystique persan (Xlle et XIIIe s.)
Sache que le monde tout
entier est miroir,
dans chaque atome se
trouvent
cent soleils flamboyants.
Si tu fends le cœur d'une
seule goutte d'eau,
il en émerge cent purs océans.
Si tu examines chaque grain
de poussière,
mille Adam peuvent y être
découverts...
Un univers est caché dans une
graine de millet ;
tout est rassemblé dans le point
du présent...
De chaque point de ce cercle
sont tirées des milliers de
formes.
Chaque point, dans sa rotation en
cercle,
est tantôt un cercle,
tantôt une circonférence qui
tourne.
Mahmûd Shabestarî
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