TEXTES DE MAITRES BOUDDHISTES
Par
le fait de penser aux choses qui ne doivent pas être pensées, et de ne pas penser aux choses qui
doivent être pensées, des obstacles non apparus paraissent, et les obstacles déjà présents
s'accroissent.
Ainsi, sans sagesse, il pense: « Ai-je existé dans le passé ? » « N'ai-je pas existé dans le passé ? » « Qu'ai-je été dans le passé ? » « Comment ai-je été dans le passé ? » « Qu'est-ce qu'ayant été (antérieurement) j'ai été dans le passé ? » « Serai-je dans le futur ? » «Ne serai-je pas dans le futur ? » « Que serai-je dans le futur ?» « Comment serai-je dans le futur ? » « Qu'est-ce qu'ayant été (dans ce futur) je serai dans le futur (plus lointain) ?»
Le
présent lui aussi, maintenant, le rend perplexe sur lui-même: « Suis-je ? » « Ne suis-je
pas? » « Que suis-je ? » « Comment suis-je ? » «Cet être, d'où est-il venu, et où
ira-t-il ? »
Ainsi, pensant sans sagesse, l'une des six vues fausses surgira en lui: « J'ai une âme » ; cette vue fausse naît en lui, véridique et ferme. « Je n'ai pas d'âme» ; cette vue fausse naît en lui, véridique et ferme. « Par l'âme, je connais l'âme » ; cette vue fausse naît en lui, véridique et ferme. « Par l'âme, je connais la non-âme » ; cette vue fausse naît en lui, véridique et ferme. Ou encore cette autre vue fausse surgit en lui: «Cette âme qui est mienne, s'exprimant et ressentant, reçoit ici ou là le résultat des bonnes et des mauvaises actions, et cette âme qui est mienne, permanente, fixe, éternelle, de nature immuable, demeure ainsi éternellement. »
Ceci, ô moines! est appelé spéculations, jungle d'opinions, désert d'opinions, perversion d'opinions, agitation d'opinions et liens d'opinions. Lié par ces liens d'opinions, ô moines ! l'homme ordinaire et non instruit n'est pas libéré de la naissance, de la vieillesse, de la mort, des chagrins, lamentations, souffrances, peines mentales, agonies ; il n'est pas libéré de la souffrance, je le dis.
dans SABBASAVASUTTA
Seigneur
lama, je vous salue !
Bénissez
le mendiant, qu'il vive au désert.
Tu
t'affliges, ma sœur, de la confusion du monde,
Les
joies et les peines pourtant sont éphémères.
Ta
souffrance actuelle pourrait se transformer,
Devenir
certainement un bonheur durable.
Aussi,
écoute le chant de ton frère aîné !
Avec
gratitude pour tous les êtres qui sont mes parents
Je
pratique la doctrine en ce lieu.
Si
je regardais mon repaire
Je
le prendrais pour celui d'une bête sauvage,
D'autres
s'ils le voyaient s'en indigneraient.
Si
je regardais ma nourriture
Elle
conviendrait mieux aux chiens ou aux porcs,
D'autres
à la voir seraient pris de nausées.
Je
pourrais regarder mon corps réduit à un squelette,
Même
un ennemi à sa vue en pleurerait
Je
pourrais prendre ma conduite pour celle d'un fou,
Ma
sœur en ressent honte et déception.
Je
verrais en mon esprit matière à l'éveil,
Le
Victorieux se réjouirait de me regarder.
La
chair transpercée sur mon lit de pierres froides,
J'ai
fait montre d'endurance.
Dedans,
dehors, j'ai pris la nature de l'ortie,
La
couleur verte ne s'altère pas.
Dans
les grottes désertes Il n'y a rien pour dissiper mon chagrin,
Mais
mon cœur ne se sépare jamais
Du
lama, bouddha passé, présent et futur.
Par
la force de la méditation assidue
Je
ne doute pas de créer des expériences et des réalisations.
Si
vraiment elles apparaissent,
Survient
fortuitement le bonheur en cette vie,
Et
le parfait éveil dans la suivante.
Ainsi,
ma chère sœur Péta,
N'exagère
pas ta peine mi ta douleur,
Je te prie d'accepter les privations pour la doctrine.
Extraits de La Vie, de Milarepa, Coll. Points, série Sagesses, Ed. Le Seuil, 2001
Si l'entité du résultat existe déjà,
Qu'est-ce qu'une cause a besoin de produire ?
Si l'entité du résultat n'xiste pas,
Comment une cause pourrait-elle la produire ?
Extraits de LTraité racine de la voie du Milieu, Mulamadhyamakarika
L'important, c'est Zazen |
Le
point le plus important dans l’étude de la Voie, c'est zazen.
En
Chine, nombreux sont ceux qui ont atteint l’illumination simplement grâce à
la puissance de zazen. Certains, ignorants au point de ne pas pouvoir répondre
à une seule question, ont dépassé ceux qui avaient étudié pendant des années
simplement grâce à l'efficacité de leur ferme dévotion dans la pratique de
zazen.
Il
est donc conseillé aux étudiants de ne se concentrer que sur zazen et de ne se
préoccuper de rien d'autre.
La Voie des Bouddhas et des Anciens n'est que zazen. Ne suivez rien d'autre.
L'acte de Zazen |
Tenez-vous
à l'écart des affaires du monde et laissez en repos les myriades de phénomènes.
Zazen
ne consiste pas à penser ni au bien ni au mal. Ce n'est pas un effort
conscient. Ce n'est pas de l'introspection. Ne désirez pas devenir un Bouddha.
Ne restez pas trop longtemps assis ni allongé. Modérez nourriture et boisson.
Soyez conscient du temps qui passe et engagez-vous dans l'acte de zazen comme si
vous deviez vous échapper d'un incendie.
Etoiles |
Pendant
54 ans avec des étoiles
J'ai
décoré le ciel.
Maintenant,
j'y gambade,
C'est
bouleversant !
Vie et mort |
La
bûche devient cendre et ne redevient pas bûche. Malgré cela, ne croyez pas
que la cendre est le futur et la bûche le passé. Il vous faut bien comprendre
que la bûche subsiste dans l'expression phénoménale de bûche, qui contient
la totalité du passé et du futur, et est indépendante du passé et du futur.
La cendre subsiste dans l'expression phénoménale de la cendre, qui contient la
totalité du futur et du passé. Comme la bûche, qui ne redevient pas bûche
une fois qu'elle est devenue cendre, vous ne reviendrez pas à la vie après la
mort.
Cela
étant, il est une voie clairement établie dans le bouddha-dharma qui nie le
fait que la vie se transforme en mort. Dans cette optique, la naissance est
comprise comme non-naissance. C'est un enseignement indiscutable contenu dans le
discours du Bouddha qui affirme que la mort ne se transforme pas en vie. Ici, la
mort est comprise comme non-mort.
La
vie en elle-même est une expression dans sa totalité.
La
mort en elle-même est une expression dans sa totalité.
Elles
sont comme l'hiver et le printemps. Vous n'appelez pas hiver, le début du
printemps, ni été la fin du printemps.
Vivre seul |
Vivre
seul ne signifie pas rejeter le monde et la société. Le Bouddha dit que «
vivre seul » signifie : vivre dans le moment présent en observant avec un
regard profond ce qui se passe.
Si
nous en sommes capables, nous ne serons jamais prisonniers du passé, ni entraînés
dans un futur imaginaire.
Le
Bouddha dit que si nous ne savons pas vivre dans le moment présent, même si
nous nous trouvons seuls dans la plus profonde forêt, nous ne sommes pas
vraiment seuls. Il a ajouté que si l'on est pleinement vivant dans le moment présent,
même dans une ville au milieu de la foule, on peut dire que l’on vit seul.
Les
moines bouddhistes savent l’importance de la pratique en communauté. C'est le
sens de la phrase : « Je prends refuge dans la Sangha. »
Un
proverbe vietnamien dit : « La soupe est à un repas ce que les amis sont à la
pratique. »
Être
en contact avec une communauté et prendre refuge dans la communauté est très
important. Découvrir la façon d'être seul, dans une pratique communautaire
est quelque chose dont nous avons besoin.
Les problèmes du monde |
Les
maîtres qui disent qu'il est inutile de prêter attention aux grands problèmes
du monde comme : la faim, la guerre, l’oppression, l’injustice sociale, et
ajoutent qu'il suffit que nous pratiquions, ont une compréhension superficielle
du sens du Mahâyâna.
Bien
sûr, nous devons pratiquer en comptant nos respirations, en méditant, en
étudiant les soutras. Mais quel est le but de tout ça ? C'est d'atteindre la
conscience de ce qui se passe en nous-mêmes et dans le monde. Ce qui se passe
dans le monde se passe en nous-mêmes et inversement. Une fois que l'on a
clairement compris cela, on ne refuse pas de prendre position et d'agir, Au
moment où un village est bombardé et où sont blessés enfants et adultes,
comment un Bouddha pourrait-il rester immobile dans son temple à l'abri des
bombes ?
S'il
est doué de sagesse et de compassion, il va trouver le moyen de pratiquer le
bouddhisme et en même temps d'aider les autres. On dit que pratiquer le
bouddhisme c'est voir dans sa propre nature et devenir Bouddha. Si l'on ne peut
pas voir ce qui se passe autour de nous, comment peut-on espérer voir dans
notre propre nature ?
La nature de soi et la nature de la souffrance, de l'injustice et de la guerre sont liées. Voir la nature des armes du monde, c'est voir dans notre propre nature.
Présent et futur |
Quand
on jette une peau de banane à la poubelle, si on le fait en pleine conscience,
on sait que la peau va devenir compost et renaître dans quelques mois en tomate
ou feuille de laitue.
Mais
quand nous jetons un sac en plastique à la poubelle, grâce à notre prise de
conscience, nous savons que le sac en plastique mettra du temps avant de devenir
tomate ou salade.
Certains types de déchets mettent 400 ou 500 ans à se décomposer. Les déchets nucléaires ont besoin d' 1/4 de million d'années pour perdre leur nocivité et retourner à la terre. Vivre dans le moment présent, d'une manière éveillée, prendre soin du moment présent de tout notre cœur, nous permettent de faire des choses qui ne détruisent pas le futur. C'est la façon la plus concrète de faire quelque chose de constructif pour le futur.
Karma et destin |
Karma
et destin ont-ils la même signification ?
Non,
ils sont différents.
Karma,
c'est une action. Action de notre corps, de notre conscience, de nos paroles. Si
je vous donne un coup de poing par exemple, c'est un karma, une action qui
devient karma...
Lors
d'un sesshin, un de mes disciples ne se conduisait pas bien : trop de sexe, trop
d'alcool, et le jour de son départ il eut un accident de voiture avec une jeune
femme. Dans un tel moment, le karma retourne en surface très rapidement. Même
de petites choses réapparaissent. Il est certain qu'avec tout ce que nous
faisons, que ce soit avec notre corps, nos paroles ou notre pensée, du karma se
crée. À votre naissance, vous avez un karma: celui de vos ancêtres, de vos
grands-parents par exemple. Mais le karma peut être modifié, alors que le
destin est quelque chose de constant.
L'attachement |
Ce
n'est pas facile de se libérer de l'attachement. L’attachement représente le
karma qui ne s'est pas manifesté. Intellectuellement on peut comprendre que
l'on doit se libérer de l’attachement mais en pratique, c'est très difficile
à réaliser.
Si
vous continuez à faire zazen, inconsciemment, naturellement, automatiquement,
vos attachements diminueront et à la fin si vous désirez vous attacher à
quelque chose, vous ne pourrez plus le faire. Satori ! (Illumination !)
L'ici et maintenant |
Si
nous réalisons le satori ici et maintenant,
Les
idées de juste et de faux
Ne
doivent plus pénétrer dans notre esprit.
Si
nous réalisons la Voie, ici et maintenant, il n'y aura plus place dans notre esprit pour l'idée du
juste ni pour celle du faux. Dans la vie, le bonheur devient malheur, le malheur devient bonheur. Si
nous obtenons une chose, disait Dogen, nous en perdons une autre; et, si nous perdons une chose,
nous en obtenons une autre.
Dans notre vie quotidienne, nous sommes souvent en opposition, en contradiction avec l'ici et maintenant. Mais, pour peu que nous abandonnions les notions de prendre et de rejeter, tout se manifeste devant nous, notre conscience est pacifiée, et notre esprit demeure tranquille, sans dualité, au-delà de la relativité.
Extraits de Taisen Deshimaru : L'esprit du Ch'an, Ed. Albin Michel
Le cercle Zen |
Un
soir, au Centre zen de Providence, Seung Sahn Soen-sa prononça le discours
suivant
«
Qu'est-ce que le Zen ? Le Zen, c'est se comprendre soi-même. Que suis-je?
«
J'explique le Zen au moyen d'un cercle. Il y a cinq points marqués sur ce
cercle : zéro degré, quatre-vingt-dix degrés, cent quatre-vingts degrés,
deux cent soixante-dix degrés, et trois cent soixante degrés. 360 degrés sont
exactement le même point que 0 degré.
«Nous
commençons avec l'intervalle compris entre 0 et 90 degrés. C'est la zone de la
pensée et de l'attachement. La pensée est désir, le désir est souffrance.
Toutes choses sont divisées en opposés : bon et mauvais, beau et laid, à toi
et à moi. J'aime ceci, je n'aime pas cela. J'essaie d'être heureux, et d'éviter
la souffrance. Donc, la vie ici est souffrance, et la souffrance est la vie.
«
Au-delà de 90 degrés se trouve la zone de la conscience, ou "Moi-Karma".
Avant 90 degrés, on est attaché au nom et à la forme. Ici, il y a un
attachement à la pensée. Avant de naître tu étais zéro, maintenant tu es
un, dans le futur tu mourras et de nouveau deviendras zéro. Donc, zéro égale
un, un égale zéro. Toutes choses ici sont identiques, car elles sont faites de
la même substance. Elles ont toutes un nom et une forme, mais leurs noms et
leurs formes viennent de la vacuité et retourneront à la vacuité. On reste
encore dans le domaine de la pensée.
«
À 180 degrés, il n'y a pas de pensée du tout. C'est l'expérience de la vraie
vacuité. Avant la pensée, il n'y a ni mots ni discours. Il n'y a donc ni
montagne, ni rivière, ni Dieu, ni Bouddha, rien du tout. Il y a seulement... »
À ce moment, Soen-sa frappe la table.
«
Ensuite, vient la zone au-dessus de 270 degrés, la zone de la magie et des
miracles. Ici, la liberté est totale, sans limite ni dans le temps ni dans
l'espace. C'est ce qu'on appelle "la pensée vivante". Je peux me
transformer en serpent. Je peux chevaucher un nuage jusqu'au Paradis de l'Ouest.
Je peux marcher sur l'eau. Si je veux la vie, j'ai la vie; si je veux la mort,
j'ai la mort. Dans cette zone, une statue peut pleurer; le sol n'est ni clair ni
foncé; l'arbre n'a pas de racines; la vallée pas d'écho.
«
Si tu restes à 180 degrés, tu deviens attaché à la vacuité. Si tu restes à
270 degrés, tu deviens attaché à la liberté.
«
À 360 degrés, toutes choses sont simplement comme elles sont, la vérité est
juste ainsi. "Juste ainsi" signifie qu'il n'y a pas d'attachement à
quoi que ce soit. Ce point est exactement le même point que zéro; nous
arrivons où nous avons commencé, où nous avons toujours été. La différence
est qu'à zéro degré il y a une pensée avec attachement, tandis que 360 degrés
correspondent à une pensée sans attachement.
«
Par exemple, si tu conduis une voiture en étant attaché à la pensée, ton
esprit sera ailleurs, et tu passeras au feu rouge. Si tu n'es pas attaché à la
pensée, ton esprit est clair tout le temps. Lorsque tu conduis, tu ne penses
pas, tu te contentes de conduire. Aussi la vérité est-elle "juste
ainsi". Le feu rouge signifie "Arrêtez-vous", le feu vert
signifie "Allez-y". C'est de l'action intuitive. Action intuitive veut
dire agir sans aucun désir ou attachement. Mon esprit est comme un miroir
clair, qui réfléchit toutes choses simplement comme elles sont. Le rouge
vient, et le miroir devient rouge; le jaune vient, et le miroir devient jaune.
C'est ainsi que vit un bodhisattva. Je n'ai aucun désir pour moi-même. Mes
actions sont destinées à tous les êtres.
« Zéro degré, c'est le "Petit Moi". 90 degrés, le "Moi-Karma". 180 degrés désignent le "Moi-Vide". 270 degrés, le "Moi-Liberté". 360 degrés correspondent au "Grand Moi". Le "Grand Moi" est temps infini et espace infini. Alors, il n'y a ni vie ni mort. Je souhaite uniquement sauver tous les êtres. Si les gens sont heureux, je suis heureux; si les gens sont tristes, je suis triste.
extraits de Cendres sur le Bouddha, de Seung Sahn, coll. Sagesses, Ed. Seuil
La pensée |
Tout
ce que l'on peut lire, tout ce que l'on peut dire, tout cela c'est : penser.
Si vous pensez, alors tous les livres zen, tous les soutras bouddhiques, toutes les bibles ne sont que des ensembles de mots démoniaques. Mais si vous lisez avec un esprit qui a tranché toute pensée, les livres zen, les soutras, les bibles deviennent alors expression de la vérité. Et même l'aboiement du chien ou le cri du coq : à chaque instant tout est enseignement. Et les sons d'animaux enseignent mieux que les livres zen. Le Zen, c'est garder l’esprit dans l'état antérieur à la pensée.
Le ciel est bleu...? |
Il
y a très longtemps, quelqu'un vous a dit : « Le ciel est bleu. » Et depuis
vous avez toujours transporté cette idée avec vous.
Un
chien ne dit jamais : « Le ciel est bleu ». Les chats ne disent jamais : «
Les arbres sont verts ». Un chien ne dit jamais « Je suis un chien ». Les
chats ne savent pas qu'ils sont des chats. Les êtres humains fabriquent tout et
se disputent ensuite à ce sujet. Leur vue est une vue erronée. Ils fabriquent
la couleur, la taille, la forme, le temps, l’espace, les noms et les formes.
Les êtres humains fabriquent la cause et l’effet, la vie et la mort, la venue
et le départ.
Originellement,
ces choses n'existent pas. Tout vient de notre pensée : notre pensée fabrique
chaque phénomène. Ce n'est rien de plus que l'idée de quelqu'un d'autre. Les
Américains ont une idée américaine : ils disent dog. Les Coréens ont une idée
coréenne : ils n'appellent pas ça dog mais gye . Lequel des deux est correct ?
Pour
avoir la bonne réponse, allez donc demander à un chien : « Êtes-vous un
chien ? ». Sa réponse risque d'être intéressante.
Si, pour la transformer en sagesse, nous voulons digérer toute notre compréhension des choses, nous devons retourner à notre esprit avant le moment où s'est élevée la première pensée. Cet état n'a ni nom ni forme. Certains l'appellent : esprit, nature, substance, Dieu, soi, Bouddha, âme ou conscience. Mais originellement cet état n'a pas de nom, pas de forme, parce qu'il se situe avant la pensée. Aussi, ouvrir la bouche pour nommer quoi que ce soit, est déjà une faute grave.
Extraits de 365 jours Zen, Ed. Le Courrier du Livre, 2002.
L'univers |
Lorsqu'on se demande quelle est la cause substantielle du monde matériel à rebours de l'histoire de l'univers, on remonte jusqu'à ces particules d'espace qui sont devenues les éléments qui composent ce monde manifeste. On peut alors se demander si ces particules d'espace ont elles-mêmes eu un commencement. La réponse est non. Elles sont dépourvues de commencement. Là où certains autres systèmes philosophiques affirment que la cause première est Dieu, le Bouddha nous suggère une autre façon de voir : et si la ou les causes premières n'existaient tout simplement pas ?
Le monde n'a pas de commencement. Alors surgit une nouvelle question: pourquoi n'a-t-il pas de commencement?
La réponse est que c'est sa nature. il n'y a pas de raison particulière. La matière est seulement la matière. Le problème est plutôt celui-ci: qu'est-ce qui justifie l'évolution de l'univers telle que nous la connaissons ?
Qu'est-ce
qui justifie l'existence des particules dispersées dans l'espace qui ont formé
l'univers tel qu'il nous apparaît ? Pourquoi tout cela a-t-il suivi certains
processus de changement selon un certain ordre ? Les bouddhistes répondent
qu'il existe une condition qui rend tout cela possible, et cette condition,
c'est la conscience des êtres animés. Par exemple, au cours des cinq derniers
milliards d'années, l'âge de notre planète, des micro-organismes et des êtres
animés sont apparus, respectivement il y a deux et un milliard d'années. (Nous
appelons «être animé» tout être qui ressent le plaisir et la douleur.) Et
notamment au cours du dernier milliard d'années, on observe une évolution vers
des organismes plus complexes. À présent, nous autres, les êtres humains,
nous faisons l'expérience de ce monde. Or une relation s'établit entre notre
environnement et nous puisque, en effet, nous faisons l'expérience du plaisir
et de la douleur relativement à cet environnement.
Les bouddhistes demandent alors: pourquoi fait-on l'expérience de l'univers sur ce mode relationnel? La cause elle-même du plaisir et de la douleur dont nous faisons l'expérience ici renvoie au fait que nous avons contribué à quelque chose, quelque part, à un certain moment du passé, dans l'évolution qui a abouti à la situation présente. C'est ici que la question du karma intervient. L'univers précédant celui-ci était composé d'êtres animés qui partageaient avec nous des continuums de conscience et de ce fait fournissent une connexion de l'ordre de la conscience entre leur univers et le nôtre.
extrait de Le pouvoir de l'esprit, Fayard, 2000
Le courage |
Agir
sur nos émotions négatives est un travail de longue haleine. Persévérance, détermination,
volonté sont nécessaires. Lorsque vous êtes découragés, lorsque vos acquis vous paraissent dérisoires,
relisez ou songez aux vies des grands maîtres du passé, à l'histoire du Bouddha. Tous ont surmonté
des difficultés, des souffrances, souvent invraisemblables, au cours de leur quête spirituelle. Réaliser
la Voie, se réaliser, demande un grand courage.
La colère |
La
colère est un frein à notre évolution spirituelle. Un instant de colère détruit les mérites
acquis souvent avec difficultés pendant des années, voire au cours d'une succession de
renaissances. La colère est l'un des plus terribles ennemis de l'esprit.
Extraits de Sages paroles du Dalaï-Lama, Ed. J'ai lu
Autres pages sur la religion :
Bouddhisme /Christianisme/ Hindouisme/Islam/Judaïsme/Arnaud Desjardins /Swami Prajnanpad