MAITRE BOUDDHISTE
La
destinée de Nichiren (1222-1282) est peut-être la plus originale de l'histoire
bouddhiste japonaise.
«
Né fils de la plus basse caste », il était destiné à devenir « le pilier
du Japon, l'oeil de la nation ». Ce fut l'ambition de Nichiren que la religion
d'État japonaise repose sur la pratique du Sutra du lotus .
Nichiren
débuta comme un moine Tendai étudiant sur le mont Hiei. Le bouddhisme Tendai
se fondait sur le Sutra du lotus, et sous bien des aspects, la doctrine de
Nichiren ne se distinguait pas du Tendai. Deux sujets, cependant, isolèrent
Nichiren : le style militant de sa propre interprétation et son insistance pour
que le Lotus devienne la pratique du gouvernement. Nichiren rendit ses vues
publiques avec un verbe vif, attaquant à la fois les établissements séculaires
et bouddhistes. La réponse ne se fit pas attendre et le moine vociférant fut
banni dans l'île d'Izu.
Là,
entre 1261 et 1263, « jour et nuit, en marchant, debout, assis, allongé
», Nichiren se plongea dans une étude renouvelée du Lotus. Durant cette période,
il se convainquit que certains passages du Sutra (« Ils dévieront et nous
abuseront, ils nous frapperont avec bâtons et pierres ») étaient des prophéties
concernant sa propre persécution.
Après
sa libération, Nichiren continua de conspuer l'institution. C'était une époque
violente et il se fit beaucoup d'ennemis. En dépit de la réalisation ultérieure
de ses avertissements concernant l’invasion mongole au Japon, il fut condamné
à mort. Selon la légende, la hache levée pour lui trancher la tête fut frappée
par un éclair. Nichiren repartit en exil. Sur l’île de Sado, il se
convainquit qu'il était Visishtacarita (en japonais Jogyo), un bodhisattva «
de l'action superbe » cité dans le Sutra du lotus.
A
la fin de son exil, Nichiren se retira dans l'ombre â Minobu, où il entra dans
une phase plus calme mais non moins apocalyptique, rêvant encore d'une assemblée
bouddhiste unifiée. II comparait son ermitage au pic des Vautours où le
bouddha Shakyamuni avait enseigné. « Je vis dans une retraite solitaire en
montagne, écrivit-il, mais dans le sein de Nichiren se trouve secrètement enchâssé
le grand mystère que le seigneur Shakyamuni m'a transmis. Ce lieu étant la
demeure de cet homme qui a réalisé le Lotus de la vérité, comment
pourrait-il être moins éminent que le pic des vautours ? »
Nichiren inventa deux principaux véhicules de pratique. L'un était l’étude d'un mandala de sa propre composition, symbolisant le Bouddha originel unifié. L'autre, plus important, était la récitation du Namu Myoho-renge-kyo (« Hommage au Sutra du lotus »). En vouant à l’enfer la pratique amidiste de récitation du Nembutsu, Nichiren était persuadé que la répétition de sa formule, même une fois l’an ou une fois dans la vie, conduisait au salut, à l'achèvement de la bouddhéité.
En
réponse à l’occidentalisation du Japon du XXème siècle et aux changements
du monde d'après-guerre, l’école Nichiren, subdivisé en quantité de
sous-sectes, a gagné considérablement en popularité, attirant des disciples
en Europe et aux États-Unis dans la dernière décennie.
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Les
enseignements de Nichiren |
Tandis
que l’école Shingon vénérait le bouddha Vairocana et que les dévots de la
Terre pure appelaient Amida, Nichiren considérait simplement un bouddha dont
les différentes formes, telles que décrites dans le Sutra du lotus, étaient
inséparables. Lors de son exil en 1261, Nichiren établit les cinq éléments
de son credo.
1)
Le Sutra du lotus est le parfait exposé de la vérité.
2)
Cet âge (appelé Mappo dans l'historiographie bouddhiste, l'âge final
d'une série de dégénérescences croissantes) nécessite une religion simple
et définie.
3)
Mappo est la période dans laquelle la doctrine devrait être proclamée
4) Ceci devrait être fait au Japon et plus tard universellement. Tous les autres systèmes bouddhistes ont fait leur temps ; ils devraient s'adonner au Lotus et ainsi unifier la religion. « Si ceux qui prêchent une fausse doctrine sont supprimés et ceux qui détiennent la vraie foi sont respectés, le pays sera alors en paix », écrivit Nichiren.
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