MAITRE BOUDDHISTE

"Faire zazen, c'est entrer dans votre cercueil"

TAISEN DESHIMARU

Né au Japon en 1914, disciple de maître Kodo Sawaki pendant trente ans, il reçut de lui l’essence de l'enseignement Zen Soto de Dogen avant de recevoir le shiho des mains de maître Yamada, chef spirituel du Eihei-ji. Arrivé à Paris en 1967 pour y planter la graine du « vrai Zen », maître Deshimaru y fonda un premier dojo, devenu temple Zen en 1975, puis un monastère à la Gendronnière, près de Blois. Son style simple et direct lui attira de nombreux disciples occidentaux, et bientôt des dojos s'implantèrent à Strasbourg, Lyon, Marseille, en Europe et au Canada. Plus de 120 dojos furent ainsi créés dans le monde.

« Sans la pratique de Zazen, le Zen n'est rien ! » disait-il, « Mais si vous pratiquez Zazen, même sans temple, c'est le vrai Zen [...]. Zazen, c'est la respiration juste, l'état d'esprit juste, la posture vraie. »

Mort subitement en 1982, Taishen Deshimaru fut surnommé le « bodhisattva des temps modernes » par Iwamoto Zenji, le chef spirituel du Zen Soto au Japon.

Textes de TAISEN DESHIMARU

Karma et destin ont-ils la même signification ?

Non, ils sont différents.

Karma, c'est une action. Action de notre corps, de notre conscience, de nos paroles. Si je vous donne un coup de poing par exemple, c'est un karma, une action qui devient karma...

Lors d'un sesshin, un de mes disciples ne se conduisait pas bien : trop de sexe, trop d'alcool, et le jour de son départ il eut un accident de voiture avec une jeune femme. Dans un tel moment, le karma retourne en surface très rapidement. Même de petites choses réapparaissent. Il est certain qu'avec tout ce que nous faisons, que ce soit avec notre corps, nos paroles ou notre pensée, du karma se crée. À votre naissance, vous avez un karma: celui de vos ancêtres, de vos grands-parents par exemple. Mais le karma peut être modifié, alors que le destin est quelque chose de constant.

Ce n'est pas facile de se libérer de l'attachement. L’attachement représente le karma qui ne s'est pas manifesté. Intellectuellement on peut comprendre que l'on doit se libérer de l’attachement mais en pratique, c'est très difficile à réaliser.

Si vous continuez à faire zazen, inconsciemment, naturellement, automatiquement, vos attachements diminueront et à la fin si vous désirez vous attacher à quelque chose, vous ne pourrez plus le faire. Satori ! (Illumination !)  

Extraits de 365 jours Zen, Ed. Le Courrier du Livre, 2002

Si nous réalisons le satori ici et maintenant,

Les idées de juste et de faux

Ne doivent plus pénétrer dans notre esprit.

Si nous réalisons la Voie, ici et maintenant, il n'y aura plus place dans notre esprit pour l'idée du juste ni pour celle du faux. Dans la vie, le bonheur devient malheur, le malheur devient bonheur. Si nous obtenons une chose, disait Dogen, nous en perdons une autre; et, si nous perdons une chose, nous en obtenons une autre.

Dans notre vie quotidienne, nous sommes souvent en opposition, en contradiction avec l'ici et maintenant. Mais, pour peu que nous abandonnions les notions de prendre et de rejeter, tout se manifeste devant nous, notre conscience est pacifiée, et notre esprit demeure tranquille, sans dualité, au-delà de la relativité.

Extraits de Taisen Deshimaru : L'esprit du Ch'an, Ed. Albin Michel

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