TEXTES DE MAITRES CONTEMPORAINS
Comment
l'être se manifeste-t-il ? Sous quelle forme s'exprime-t-il ? Quels sont les critères nous
garantissant que ce que nous considérons comme étant des expressions de cet être, ne sont pas
des illusions ?
Un
critère certain est le fait que notre être exige toujours de nous l'acceptation de la vie
totale, telle qu'elle se présente, avec sa douleur et sa souffrance ; et que faisant fi de nos
aspirations étroitement égoïstes, il ne tolère aucun repos, aucun arrêt ; bien au contraire,
il exige que nous soyons toujours prêts à dépasser le devenu, et même prêts au lâcher-prise,
à accepter la mort. L'être tend à un renoncement au moi et aux positions acquises. Ainsi
exige-t-il de nous la grande conversion et transformation : la métanoïa [...].
K.G.
Dürckheim, La percée de l'Être ou les étapes de la maturité, Le Courrier du Livre,
Paris, 1971, p. 18.
L'acceptation :
Certains
d'entre vous pensent certainement qu'ils acceptent ce qui est parce qu'ils ne peuvent le nier,
mais ils ne l'acceptent pas pour autant. Dans votre mental, vous dites : j'accepte ce qui est,
oui, oui, oui, mais je ne veux pas que ce soit comme ça, je voudrais que ce soit autrement. Par
exemple : je fais tel métier, je gagne tant d'argent et j'habite dans telle maison, c'est ce
qui est et je (accepte pleinement mais je n'aime pas ce travail, j'aimerais gagner plus
d'argent, je n'aime pas cette maison, j'aimerais vivre ailleurs. Cela, c'est voir ce qui est
mais ce n'est pas (accepter. Je peux tenter de modifier la situation mais, pour l'instant, ici
et maintenant, c'est ainsi. Un aspect de l'acceptation, c'est l'absence de plaintes, l'absence
de jugements. Voyez par vous-mêmes : au fur et à mesure que nous vieillissons, des petites
douleurs commencent à apparaître, le dos devient moins souple, on entend ou on voit moins
bien. Souvent, tout cela est incontournable et nous pensons que, simplement parce que nous
admettons qu'on ne peut rien y faire, nous (acceptons. Extérieurement, nous disons: « Tout le
monde vieillit, c'est comme ça » mais, en fait, nous sommes furieux, nous détestons ces
handicaps, alors que (acceptation de ce qui est, tel que c'est, sous-entend par définition l'équanimité.
Cela ne veut pas dire qu'on ne puisse pas changer les choses mais que, les choses étant ce
qu'elles sont, nous les acceptons et que, si elles changent pour le meilleur ou pour le pire,
nous l'acceptons aussi. Il y a donc une distinction très importante entre percevoir ce qui est
et accepter ce qui est.
Extraits de Oui et alors ? de Lee Lozowick, ed. La table ronde, p.43
La vie
La
vie prend certains détours. La vie est bien plus vaste que nous et c'est vraiment dans l’ordre
des choses que d'accepter l’inévitable. Je ne parle pas de l’inévitable dans l'avenir mais de
l'inévitable maintenant. L'avenir, nous ne le connaissons pas et parler d'inévitable quand il
s'agit de l’avenir, c'est vraiment pure imagination. Le futur
n'est prévisible que dans la mesure où nous ne sommes pas prêts à accepter le moment présent.
Pour la plupart d'entre nous, l'avenir est inévitable parce que notre passé a défini notre
existence et que nous ne faisons rien par rapport à cela. Si notre névrose est une névrose d'échec,
nous pouvons être certains que nous allons échouer dans l'avenir. Tant que nous sommes dans le déni,
tant que nous résistons, que nous réagissons au lieu d'accepter ce qui est, le futur est extrêmement
prévisible : la même chose va se répéter encore et encore. Notre existence peut changer mais
notre réaction va être la même à chaque fois où que nous soyons. Vous avez déménagé après
avoir vécu à l'étranger mais il est probable que vous auriez rencontré là-bas les mêmes
difficultés que celles que vous rencontrez en France et que vous auriez réagi de la même façon.
Ce qui peut tout changer, c'est la manière d'accepter les choses telles qu'elles sont parce
qu'alors l'avenir n'existe pas. Même l'instant suivant n'existe pas : quand l'instant suivant
vient, il est toujours maintenant. Dans cette optique, tout est possible et le vieux scénario prévisible
ne se répète pas. Arrêtez de prétendre que vous êtes plus grand(e) que la vie et cessez d'être
frustré(e) parce que la vie ne suit pas vos ordres.
Parfois on a fait tout ce qu'il fallait faire et néanmoins la vie ne répond pas. Ce n'est pas la peine de se demander si on s'y est mal pris car là n'est pas la question. On peut avoir fait tout le nécessaire mais peut-être n'était ce pas le moment opportun ou y a-t-il une cause que nous ignorons. Travaillez donc avec votre existence telle qu'elle est. Souvent, c'est l'attente elle-même qui éloigne la réalisation. Si vous vous contentez d'être un avec ce qui est, avant même de vous en apercevoir vous aurez déjà obtenu ce que vous vouliez depuis toujours. C'est comme si, dès que vous arrêtez de tendre vers quelque chose, cette chose vers laquelle vous tendiez vous tombe dans le giron.
Extraits de Oui et alors ? de Lee Lozowick, ed. La table ronde, p.173
La pratique
Quelle importance cela a-t-il de savoir pourquoi ces larmes coulent ? La formule de la pratique, ce n'est pas « acceptez ce qui est tel que c'est, à partir du moment où vous savez pourquoi c'est ainsi ». La pratique, c'est simplement « acceptez », que vous sachiez pourquoi ou pas. Vous n'avez pas à comprendre pourquoi les choses sont comme elles sont ou d'où cela peut bien venir. Si cela se révèle, très bien et, si cela ne se révèle pas, peu importe, ça ne change rien à l'acceptation. Le mental veut toujours chercher, découvrir, trouver des raisons, il veut du rationnel, du linéaire mais la vie n'est pas tout le temps rationnelle ou linéaire. Le centre de la pratique, c'est l'acceptation. « Ce qui est » n'a pas de définition, c'est simplement ce qui est.
Extraits de Oui et alors ? de Lee Lozowick, ed. La table ronde, p.176
Le
sentier de la réalisation de Dieu, dit-on, est comme le fil tranchant du rasoir. L'effort spirituel
peut se comparer à un combat serré qui exige une discipline ardue, un courage et une patience des
plus grands et une activité continuelle plus intense.
intense
qu'il n'est requis d'un guerrier ordinaire sur le champ de bataille. Le soldat spirituel doit être,
à chaque moment de sa vie, aussi vigilant qu'actif ; il doit examiner minutieusement ses motifs et
son attitude, et agir avec circonspection de crainte que son travail ne devienne mécanique
ou
simplement routinier ; un effort mécanique serait stérile. Un peu d'indolence et de manque d'intérêt
de la part du chercheur spirituel, et son ascension vers Dieu peut être mise en danger ou
interrompue.
Chandra Swami, L'art de la réalisation, Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », 1985, p. 103.
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