MAITRE CHRETIEN
HENRI LE SAUX
(Saint-Briac,
1910 ; Indore, 1973) Entre l'Occident et l'Orient, il a choisi l'unité
Henri
Le Saux est né en Bretagne, à Saint-Briac, le 30 août 1910. Il était l'aîné d'une famille de
huit enfants. Son père descendait d'une famille de marins, et la famille de sa mère, originaire
d'Autriche, était venue se fixer en Bretagne en 1871. Tout jeune, Henri exprime déjà le désir d'être
prêtre. Il entre au petit, puis au grand séminaire de Rennes où il laisse le souvenir d'un très
brillant élève. Ses supérieurs veulent l'envoyer à Rome poursuivre des études de théologie,
mais il refuse, se sentant appelé à la vie monastique. À l'âge de 19 ans, il entre à l'abbaye bénédictine
de Sainte-Anne de Kergonan, où il fait vœu de profession le jour de l'Ascension 1935. La même année,
quelques jours avant Noël, il reçoit la prêtrise dans la cathédrale de Vannes.
En
1939, il est mobilisé en Lorraine. Fait prisonnier en 1940, il parvient à s'échapper et retourne
à l'abbaye. C'est en 1942, en lisant un article, qu'il découvre l'existence du père Monchanin, véritable
pionnier du dialogue authentique avec l'hindouisme. Le Saux quitte Kergonan en 1948 et rejoint
Monchanin dans le sud de l'Inde le 15 août. Désormais, il ne quittera plus sa nouvelle patrie dont
il deviendra officiellement citoyen en 1960.
À
son arrivée, les deux prêtres fondent l'ashram de Shantivanam (Bois de la Paix) au bord de la
Kaverny, près de Tiruchirapalli (sud de l'Inde). Six mois après son arrivée, Le Saux se rend avec
le père Monchanin à Tiruvannamalai, afin d'y rencontrer un des sages les plus authentiques de
l'Inde contemporaine : Ramana Maharshi. Cette rencontre aura un profond retentissement sur son
cheminement spirituel ultérieur. Entre 1952 et 1956, il reviendra souvent à Tiruvannamalai, non
pour voir Le Maharshi (décédé en 1950), mais pour effectuer de longs séjours en retraite dans
les grottes de la montagne sainte d'Arunachala. Ces temps d'immersion en terre indienne marqueront
une étape importante dans sa progression vers « l'autre rive ». C'est là, dans le silence
et la solitude de la vie érémitique, qu'eut lieu la première « grande percée spirituelle
», l'expérience fondamentale dont on trouve l'écho dans son « journal spirituel », en date du
14 et 17 juillet 1952.
En
décembre 1955, Le Saux est introduit auprès d'un autre sage très proche de Ramana Maharshi, Sri
Gnânananda, qui allait sceller son initiation à la spiritualité du Védanta et à l'enseignement
des Upanishads (textes sacrés indiens). Pendant ce séjour à Tapovanam (mars 1956), il notera :
« Je ne puis échapper à la conviction que c'est lui mon gourou. »
Néanmoins,
à cette époque, Le Saux est écartelé entre sa fidélité au christianisme et son «
engouffrement » en l'expérience upanishadique de l'Advaita Védanta. Pendant de longues années,
au fond de son coeur, sans qu'il n'y paraisse de l'extérieur, Henri Le Saux sera tourmenté, déchiré
jusqu'à ce que surgissent la paix et la joie dans la sérénité de l'éveil définitif à sa véritable
nature humaine.
Malgré les distances considérables et les moyens de locomotion pénibles, lents et inconfortables, le père Le Saux, tout au long des dernières années de sa vie, va sillonner l'Inde du nord au sud, d'est en ouest, pour répondre aux multiples appels qui lui parviennent afin de diriger des retraites (principalement dans les carmels). II participe aussi activement aux différents travaux de l'Église de l'Inde, en vue d'adapter à sa situation particulière les résolutions de Vatican II. Il se voue au renouveau de la spiritualité chrétienne afin que celle-ci soit plus enracinée dans la tradition indienne. Il souhaite avant tout que le christianisme n'y soit pas une simple copie des formes latines et occidentales si éloignées de l'expression spontanée de l'âme indienne. En 1968, il se fixe dans l'Himalaya, à Uttarkashi, où il reçoit en 1971 ses premiers disciples. Le père Henri Le Saux (Swami Abhisiktananda) est décédé le 7 décembre 1973.
Bibliographie
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Henri
Le Saux, La rencontre de l'hindouisme et du christianisme, Éd. du Seuil, Paris, 1966. |
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Souvenirs
d'Arunachala : récit d'un ermite chrétien en terre hindoue, Éd. Épi, Paris, 1978. |
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Sagesse
hindoue, mystique chrétienne, du Védanta à la Trinité, Éd. du Centurion, colt. « Religions
en dialogue », Paris, 1991. |
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Marie-Madeleine Davy, Henri Le Saux, Swami Abhisiktananda : le passeur entre deux rives, Éd. du Cerf, colt. « Témoins spirituels d'aujourd'hui », Paris, 1981. |
Le
sage, par définition même, a sur les choses la vue même de Dieu car en pénétrant en soi, il a
sombré en Dieu. Au fond de sa contingence, il a découvert l'être ; au fond de sa distinction,
l'unité insécable ; au fond du temps, l'éternité elle-même. Il est passé au plan de la vie éternelle,
il a pénétré au Royaume de Dieu.
Henri
Le Saux, La montée au fond du cœur : le journal intime d'un moine chrétien sannyasi hindou,
1948-1973, O.E.I.L., Paris, 186, p. 123.
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