AUTRE MAITRE

 

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Lie Tseu

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Textes de Lie Tseu 

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"Ce qui n'a pas d'origine et naît éternellement, c'est la voie"

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LIE TSEU

(LIEZI)

Troisième grand penseur du taoïsme après Lie Tseu (Laozi) et Tchouang Tseu (Zhuangzi), Lie Tseu (Liezi) vécut au Vème siècle avant J. C.

Il écrivit le traité du vide parfait après avoir étudié avec de nombreux maîtres taoïstes et aurait ensuite habité quarante ans dans le même village, inconnu de tous. Lui qui diqait que son esprit s'était "intégré à l'absolu et son corps dissous en lui" nous a laissé une oeuvre majeure où les concepts de Tao, de vide inhérent à toute chose, d'impermanence, d'immortalité de l'esprit et de voyage des âmes, se trouvent approfondis.

Le traité du vide parfait illustre admirablement la philosophie chinoise du déroulement de la vie humaine et cosmique. Le lyrisme de l'auteur nous fait voyager à la racine des êtres et des choses, aux confins de l'existence.

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Textes de LIE TSEU

 

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La loi naturelle

MENG SUNYANG : Certains valorisent la vie et aiment leur corps au point de tenter de ne pas mourir. Est-ce possible ?

YANG ZHU : La loi naturelle est que l'on ne peut pas ne pas mourir.

MENG : Peut-on tenter de prolonger la vie ?

YANG : La loi naturelle est que l'on ne peut pas prolonger de beaucoup la vie. Ce n'est pas en valorisant la vie qu'on peut la conserver, ce n'est pas en aimant son corps qu'on peut le protéger. À propos, pourquoi prolonger la vie ? Les cinq sentiments, l'amour et la haine existent depuis l'Antiquité. Les quatre membres, l'utile et le nuisible existent depuis l'Antiquité. Les affaires du monde, les peines et les joies existent depuis l'Antiquité. Le devenir, le changement, le gouvernement, les troubles existent depuis l'Antiquité. Avec ce que l'on entend, voit et vit, cent ans semblent déjà beaucoup. Pareille vie prolongée ne serait-elle pas remplie de souffrances ?

MENG : Alors, mourir jeune vaut mieux que prolonger la vie. Jetons-nous sur la pointe d'une épée ou sautons dans un feu, et le but sera atteint.

YANG : Non, lorsque l'on vit, supportons-le, et examinons nos désirs en attendant la mort. Lorsque l'on meurt, supportons-le, et examinons le passage vers l'évanescence. On ne peut pas ne pas les supporter, ne pas les observer. Dans ces transitions, où est la différence entre tôt et tard ?

Extrait du Traité du vide parfait de Lie Tseu, Editions Albin Michel, Coll. spiritualités vivantes, traduit du chinois par Jean-Jacques Lafitte, 2002

 

 

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Le maître

Liezi eut pour maître Laoshang et pour ami Bo Gaozi. Une fois qu'il eut obtenu la maîtrise des méthodes de ces derniers, il chevaucha le vent et rentra. L'ayant appris, Yin Sheng alla habiter chez Liezi. Il n'avait, plusieurs mois plus tard, reçu aucun enseignement. Profitant des loisirs du maître, il le supplia de transmettre son art. Il réitéra dix fois sa demande sans obtenir de renseignement. Dépité, Yin Sheng demanda à partir, Liezi ne dit mot et Yin Sheng partit. Après plusieurs mois, l'esprit insatisfait, Yin Sheng revint chez Liezi, qui lui demanda:

« Pourquoi toutes ces allées et venues ?

- Je vous avais demandé d'être mon maître. Vous ne dîtes rien. J’en fus mécontent. Valmé, je reviens.

- Je te croyais talentueux, et te trouve maintenant d'une extrême vulgarité. Assieds-toi, que je t'apprenne l'enseignement de mon maître. Trois ans après mon arrivée chez mon maître et le début de mon amitié avec Gaozi, je n'osais supputer le vrai et le faux, ni dire le bien et le mal ; j'obtins alors un regard du maître. Cinq ans plus tard, je supputais de nouveau le vrai et le faux, disais de nouveau le bien et le mal, mon maître sourit et son visage s'éclaircit pour la première fois. Sept ans plus tard, je pensais de nouveau qu'il n'y avait ni vrai ni faux et disais de nouveau qu'il n'y avait ni bien ni mal ; mon maître étendit pour la première fois une natte et m'y fit asseoir. Neuf ans plus tard, par des réflexions et des paroles déréglées, je ne savais quand j'étais dans la vérité ou l'erreur, ni ce qui m'était bon ou mauvais ; je ne savais quand un autre était dans la vérité ou l'erreur, ni ce qui était bon ou mauvais pour lui ; je ne savais si Laoshang était mon maître, ni si Gaozi était mon ami. La différence entre l'interne et l'externe s'atténuait et les sensations transmises par les yeux, les oreilles, la bouche et le nez cessèrent d'être distinctes. Mon esprit se figea, mon corps se libéra, mes chairs et os se liquéfièrent, je ne sentais plus que mes pieds foulaient le sol, que mon corps prenait appui. Je me laissais emporter par le vent d'ouest ou d'est comme une feuille morte ou un fétu de paille. Je ne savais si je portais le vent ou si je le chevauchais.

Et toi qui vis depuis peu de temps chez ton maître, tu manifestes trois fois ton mécontentement. L'air accepte tout juste ton bout de corps, la Terre accepte à peine de porter un de tes membres. Comment pourrais-tu te mouvoir dans le vide et chevaucher le vent ? »

Honteux, Yin Sheng se tint coi longtemps, n'osa parler.

Extrait du Traité du vide parfait de Lie Tseu, Editions Albin Michel, Coll. spiritualités vivantes, traduit du chinois par Jean-Jacques Lafitte, 2002

 

 

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